Rire pour ne pas pleurer
Paris sous l’occupation.
Pour l’anniversaire de Sophie, son mari a réuni quelques amis.
Ils sont sept à essayer d’éviter de parler collaboration, résistance, rationnement ou marché noir, en ce qui devrait être l’occasion d’oublier, pour un soir, la chape de plomb qui pèse sur eux.
Juste en bas de l’immeuble, deux officiers allemands sont abattus.
Cet attentat va les plonger abruptement dans l’horreur.
Un officier SS déboule et exige en représailles deux otages. Mais, dans sa profonde humanité, il n’imposera aucun choix.
Les convives ont deux heures pour décider qui seront les ‘heureux élus’.
Vivre ou mourir ?
Inutile de chercher de volontaires, pas un n’est suicidaire.
Qui mérite de survire ?
Qui peut être sacrifié ?
À quelle aune mesure-t-on l’importance d’une vie ?
Entre les sept ‘amis’, le dialogue s’engage… âpre, dur, sans pitié ni concessions.
Les caractères se dévoilent, les vernis éclatent et les révélations fusent.
Dégoulinant de veulerie, suintant d’une lâcheté bien compréhensible, Le repas des fauves devient un chacun pour soi où tous les coups sont permis.
Cette comédie grinçante et glaçante ne cesse de rebondir, de nous tirer sans cesse plus profond dans la bassesse humaine et pourtant on ne peut s’empêcher de rire, parfois très jaune, devant un tel déballage.
Texte de Vahé Katcha, adapté par Julien Sibre, Le repas des fauves est un petit bijou d’équilibre et de précision.
Chaque mot et chaque personnage sont étudiés, soupesés pour nous offrir un panel jouissif de racisme, de haine, de révolte, de sexisme, d’homophobie, de mensonges, de trahisons, de coups bas ou de mauvaises fois.
Pas de rôle phare, chacun a sa place, son importance et aucun, malgré le typage de certains caractères, ne paraît exagéré ou caricatural.
Respectueuse de cette belle réussite d’auteur, la mise en scène d’Alexis Goslain se veut efficace, sans ajouts ou emphases.
Dans le cossu décor sépia conçu par Charly Kleinermannn et Thibaut De Coster, une formidable brochette de comédiens (Christel Pedrinelli, Stéphanie Van Vyve, Denis Carpentier, Marc De Roy, Dominique Rongvaux, Fabrice Taitsch, Lucas Tavernier, Michel Poncelet) excelle à nous faire vivre ce repas des fauves interpellant et captivant.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 24-10-2015
Théâtre Royal des Galeries
Présentation du spectacle :
Résumé :
Pour sauver sa peau, tout est-il permis ?
1942. Dans la France occupée, sept amis se retrouvent pour fêter l’anniversaire de leur hôte. La soirée se déroule sous les meilleurs auspices, jusqu’à ce qu’au pied de leur immeuble soient abattus deux officiers allemands. Par représailles, la Gestapo investit le bâtiment et décide de prendre deux otages par appartement.
L'affiche :
d’après l’œuvre de Vahé Katcha
Avec Christel Pedrinelli, Stéphanie Van Vyve, Denis Carpentier, Marc De Roy, Dominique Rongvaux, Fabrice Taitsch, Lucas Tavernier et Michel Poncelet