 Le Théâtre de la Flûte Enchantée vous propose de redécouvrir le très beau texte d'Anouilh.
Une mise en scène sobre et efficace de Jacqueline Préseau laisse tout son impact aux mots.
Une scène vide, noire, avec pour tout décor trois sièges noirs et quelques colonnes blanches, comme pour rappeler qu’à l’origine Antigone est une tragédie de Sophocle.
Antigone, de Jean Anouilh est un texte théâtral inspiré d'un mythe antique, mais en rupture avec la tradition de la tragédie grecque.
Les tenues vestimentaires et les propos sont résolument modernes.
Bal, voitures, cigarettes, tartines et bien d’autres ancrent le drame aujourd’hui (ou presque).
Antigone (Manuella Ammoun) devient la rebelle, la résistante.
Celle qui refuse l’ordre établi, qui se dresse devant l’injustice de son oncle, devant le pouvoir.
L’actrice nous avait habitués à des rôles plus légers, plus primesautiers. Elle dévoile ici sa facette de tragédienne et prend une étoffe et une ampleur, portant presque elle seule toute la force et la conviction d’une jeunesse désabusée et en perpétuelle révolte.
Elle s’opposera avec véhémence et maintiendra coûte que coûte sa décision suicidaire et son jusqu'au-boutisme face à Oscar Dubru (le Roi Créon).
Un homme enfermé dans un pouvoir qu’il ne désirait pas, dans une fonction qu’il subit. Il est là comme un ouvrier, il fait son travail, parce que quelqu’un doit l’accomplir.
Difficile de tout remettre en question, il n’est qu’un outil, pas un artisan, il assure la continuité. Il essaie d’éviter le pire, mais sa nièce ne lui en laissera pas la possibilité. L’acteur, que l’on retrouve plus souvent dans des rôles ironiques, mélange habilement ses regards en coin, une certaine dose de fatalisme et le désespoir de ce roi empêtré dans un destin qu’il n’a pas voulu et qui le mène vers le malheur et le désespoir.
Drame antique, tragédie moderne, Antigone est un texte tout en nuances, brutal, plein d'ironie, de sarcasme, passionné ou poétique, il alterne avec bonheur la fougue et la douceur.
Captivant et émouvant, le spectacle ne lasse pas.
A découvrir ou à redécouvrir.
Muriel Hublet |
Adaptée de la tragédie antique du même nom, cette pièce nous pose le problème toujours actuel de la liberté de pensée et des choix parfois douloureux qui en découlent.
