L’histoire nous a rapporté les tristes exploits de Gilles de Rais : sorcier, meurtrier d’enfants, sodomite, adorateur du démon, …
Elle oublie souvent de mentionner que cet homme était maréchal de France et a combattu aux côtés de Jeanne d’Arc.
Qui est donc réellement cet homme, celui que beaucoup ont surnommé Barbe-Bleue ?
Un monstre ? Une victime ? Un manipulateur ? Un être moralement faible et influençable ?
C’est à la recherche de ces réponses que vous entraîne Olivier Massart dans un seul en scène avec pour paroles le texte d’Hugo Claus, dans une mise en scène d’Alexis Goslain.
Dans un mélange tragi-comique, l’auteur évoque la vie d’un homme troublé.
Entre une enfance perturbée, un besoin de croire, une famille mal présente, Gilles de Rais a des notions faussées de la vie. Il est cruel, naïf, mystique, incapable d’avoir des rapports sociaux normaux. Il est enfermé dans une cellule et nous assistons à son procès.
Olivier Massart nous le montre sous toutes ses facettes.
Il éructe de rage et de mépris pour des hommes qui ont été ses obligés et aujourd’hui le condamnent par avance.
Il supplie par peur d’être rejeté de l’Eglise, d’être excommunié.
Il montre une ambivalence étonnante entre son besoin d’avoir une âme et ses tendances à adorer les démons.
Dans un discours manipulateur, il mendie une grâce, il agresse verbalement un juge, il accuse et il se défend dans des voltes faces rapides.
Homme blessé, il regrette la mort de Jeanne d’Arc, femme de cœur, guide spirituel, modératrice de ses pulsions, mais il éprouve aussi au fond de lui le remords d’avoir témoigné à son procès. Mais ce dernier fait, il l’occulte le plus souvent dans une rage contre la monarchie française et les assassins de la Pucelle d’Orléans.
C’est donc un homme ambigu qu’interprète avec brio Olivier Massart.
Cheveux aux reflets bleutés, visage blafard, il est tout à la fois le noble révolté, le tourmenté et le bourreau, mais aussi un cerveau qui erre entre réalité et rêve.
Cette différence est créée par un éclairage bleuté latéral et indirect.
C’est une bonne performance d’acteur de tenir en haleine le public avec un texte pas toujours évident, fait de contrastes et de citations religieuses.
Le tempo de la pièce est malheureusement un peu chaotique, une longue période est consacrée à une période de rêve et déséquilibre un peu l’ensemble. Est-ce cette plongée dans la nuit bleutée, la longueur de texte ou le propos, difficile à dire.
Mais ce n’est qu’un bémol, car pour le reste, la pièce est agréable, bien jouée.
On y retrouve avec plaisir les mots d’Hugo Claus et le talent d’Olivier Massart.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 13-09-2006
Théâtre Le Public
Présentation du spectacle :
Résumé :
« Je suis la faute. Je ne peux me placer en dehors de ma faute. » Seul face à ses juges, lâché par ses amis et ses pairs, accablé par les familles de quelque cent quarante enfants qu’on l’accuse d’avoir violés, assassinés, dépecés, Gilles de Rais, seigneur de Champtocé et Pouzauges, Maréchal de France, répond à ses Inquisiteurs.