Tu sais pas. Tu crois tu sais. Tu sais pas.
Dans un langage totalement déstructuré, dans le français chantant des africains, Dieudonné Kabongo est l’Etranger. Mon visage, tu regardes: lèvres grosses comme femme accouche, oeil de nuit, peau olive, nez-serpent. Et tu dis: étranger. Mais tu sais pas.
Non, On ne sait pas, mais on va apprendre à connaître un homme, il va se raconter, de son enfance à son arrivée dans pays de froideur, dans pays de pluie.
Mais surtout, il va nous présenter son frère, qu’il recherche vainement, un enfant-sorcier qui petit à petit est devenu invisible.
Avec tendresse, beaucoup d’images et une tendre ironie, Philippe Blasband dépeint les tribulations d’un réfugié africain.
Mais derrière le message premier, celui qui fait rire ou sourire, il y a aussi l’éternelle condition de l’Etranger, de l’immigré, de l’autre, du différent.
Avec ces quelques mots : Je retourne le village qui est mon village. (« Mon » village je croyais…) Et me regardent, les gens. Pas moi, ils voient, quand me regardent, les gens. Non. Ils voient comme toi: vêtements de synthétique. Corps courbé. Accent dans paroles. Ils me regardent et ils disent: étranger. Mais savent pas ! personne sait… Il en dit beaucoup plus que de longs discours philosophiques. C’est souvent difficile d’admettre que nos étrangers sont aussi mal vus dans leur pays qu’ici. L’invisible est un peu tout cela, c’est le récit d’une intégration, de ses péripéties et de la perte de sa propre identité culturelle. Dieudonné Kabongo y est superbe, il ne joue pas. Il est tout simplement !
Par sa présence, son sourire, la connivence qu’il crée avec le public, tout passe même le belge râleur et qui en est toujours à son avant-dernière bière.
Une heure de spectacle à découvrir, à apprécier, à savourer. Philippe Blasband interprété par Dieudonné Kabongo, c’est un régal !
Muriel Hublet
Spectacle vu le 15-09-2006
Théâtre Varia
Présentation du spectacle :
Résumé :
L’homme n’a pas de nom. Mais on va suivre son itinéraire, s’attacher à ses pas et peu à peu pénétrer au plus profond de sa vie. Enfant, dans son village du Congo, il a appris le métier de maréchal-ferrant tandis que son jeune frère a été initié à l’art des sortilèges. Puis c’est le temps de l’exil et de l’acclimatation à une nouvelle vie «!dans pays de froideur, dans pays de pluie!», la Belgique.