Une pièce de théâtre bien connue et une adaptation cinématographique de 2002, voilà qui risque de fausser pas mal de jugements.
Difficile en effet pour Georges Léglise et Roland Michaux de se dépêtrer des images très connues de Chevalier et Laspalès.
Le premier quart de la pièce a un peu de mal à s’installer et déçoit un peu.
On ne peut guère y critiquer le jeu des acteurs, il s’agit simplement de longueurs de texte, un peu mal rythmées qui cadrent mal avec le théâtre de boulevard classique. On est plus habitué aux portes qui claquent et le début très modéré de Ma femme s’appelle Maurice semble inévitablement un peu laborieux voire même poussif. Mais cette impression ne durera pas.
Dès le lever de rideau, on y trouve Georges aux prises avec son épouse jalouse (à juste raison) et menacé ensuite par sa maîtresse.
Une situation vaudevillesque par excellence, convenue et prévisible, l’inattendu sera l’arrivée de ce brave Maurice, bénévole du Secours Fraternel. Il va tenter d’aider Georges à faire face à ses complications conjugales.
Georges est manipulateur, menteur, couard et mérite bien tout ce qui lui arrive. Maurice est son opposé, généreux, compatissant, maladroit, mais si gentil.
Ce n’est qu’en le voyant déguisé en rombière que les rires se déclenchent enfin et que la pièce prend enfin son allure de comédie hilarante.
Les gags vont s’enchaîner sans guère de répit pour les zygomatiques.
Roland Michaux porte littéralement la pièce sur les épaules, il est superbe dans son rôle de Maurice Lappin avec deux P et de madame Audefey et vous fait oublier très vite vos références visuelles (s’il vous en restait).
A ses côtés quelques très bons seconds rôles, Alice Danau et Éric Mathieu en provinciaux un peu snobinards débarqués en plein mélodrame et victimes des quiproquos et de la colère d’Angelo Montesi, le savoureux mari jaloux, inconsolable, violent et … très dragueur.
À eux quatre, ils nous offrent juste après l’entracte une reprise entraînante, plus que plaisante, presque délirante.
Ma femme s’appelle Maurice est une pièce délirante, totalement débridée qui oppose la veulerie d’un dragueur de pacotille et la gentillesse d’un homme tout simple. Une opposition de genres qui n’est pas sans rappeler le principe du Dîner de cons, mais qui nous assure une soirée agréablement distrayante en compagnie de Roland Michaux et ses comparses.
Muriel Hublet |