Un mot inconnu de nos oreilles.
Le programme nous en donnera la signification… Bonjour
Ces deux phrases illustrent à elles seules, le propos de ce spectacle.
Nous plonger dans l’inconnu, nous dérouter, nous faire perdre nos repères, mais aussi nos a priori, notre sens du casanier pour nous inviter à un voyage les yeux, les oreilles et le cœur ouverts.
Les premières minutes seront presque silencieuses, juste ponctuées de gestes-signes de Béatrice Didier et de leur signification verbale.
Viendra ensuite ce magnifique texte qu’il est difficile de ne pas pour retranscrire en intégralité tant il en dit plus long que bien des phrases sur Vanakkam
Partir c’est quitter
Partir c’est dire au revoir
Partir c’est peut-être ne pas revenir
Partir c’est être seul
Partir c’est oublier
Perdre Se perdre Abandonner S’abandonner Traverser Se laisser traverser C’est laisser
Laisser ses chaussures devant la maison Laisser ses chaussures devant le temple Laisser ses questions devant la porte Laisser ses colères devant la porte Laisser ses idées devant la porte Laisser sa culture devant la porte Laisser ses idéaux devant la porte Laisser ses jugements devant la porte Laisser ses habitudes devant la porte
C’est entrer pieds nus C’est entrer (…)
Va alors débuter une histoire, celle d’une femme, d’une artiste belge et de sa découverte-rencontre avec l’Inde.
Pas de celles que l’on fait dans les voyages organisés, mais bien d’une relation intimiste, profonde, qui plonge aux cœurs des racines d’un autre peuple, d’une rencontre faite de partages, d’échanges, de compréhension et d’amour.
Pays étrange, pays captivant, Béatrice Didier va y connaître une relation amoureuse, le deuil, le mariage, elle va évoquer en près d’une heure trente tout un panel de sentiments qui vont de la joie à la tristesse, de la main tendue à la mort, de l’enfance au drame.
Sans mièvreries, sans pathos inutile, elle nous parle avec les gestes qu’elle a appris là-bas, avec des mots qui viennent de loin, mais qui s’ils étonnent ou semblent dépayser sont compris par le cœur et renforcent ce sentiment de toucher l’essence même d’une relation fabuleuse, marquante pour la comédienne qui est comme transcendée, portée, soutenue par cet amour, cette passion qui l’ont transformée et qu’elle souhaite partager.
Elle mélange sur scène, le chant, la danse, le mime, elle est tout à la fois (et passe avec brio de l’un à l’autre) la belge égarée, le gamin orphelin, la grand-mère, l’homme strict, la jeune mariée amoureuse, …
Avec des sons, des musiques, des vêtements rapportés de ce bout du monde qui nous est inconnu, elle nous invite au voyage.
En français, en tamoul, en anglais, elle parle ici d’une Inde inconnue.
Avec une balançoire, des craies, un bol tibétain, des cailloux, elle transforme une salle obscure en plage, en jardin, en maison, elle nous glisse entre les yeux et les oreilles des images d’un pays merveilleux, où la souffrance n’a pas détruit la joie de vivre, d’espérer et d’aimer.
Tout doucement, comme à pas feutrés, elle dessine son carnet de voyage dans nos cœurs comme elle trace délicatement une rose de sable sur le sol.
Page après page, c’est son Inde, ses amis, sa famille tamoule de cœur qu’elle nous présente avec tendresse, affection et fierté.
Difficile de rester indifférent, de ne pas avoir envie d’en savoir plus sur ce petit garçon, sur cette jeune fille, sur ce qu’ils sont devenus.
S’il faut déplorer une seule chose à Vanakkam c’est l’immixtion brutale d’une chanson rock presque agressive dans un ensemble autrement si serein, si paisible, presque zen.
Muriel Hublet |