Une scène qui ressemble étrangement à un vieux garage, avec son échelle, ses pots de peinture, ses vélos qui traînent dans un coin, ses couvertures poussiéreuses, ses tapis élimés, encombré de caisses éparses et au milieu de cela, le matériel de deux musiciens.
Ils sont là pour préparer leur prochaine soirée, leur prochaine prestation publique.
Nous pour assister (incognito ?) à leur répétition.
Cela va entraîner une série de situations loufoques, d’interprétations abusives de ce que pourrait penser leur futur public.
Condensé de situations pas forcément si incongrues que cela, les deux hommes vont deviser sur les problèmes des artistes et de leur reconnaissance.
Des morceaux à interpréter aux petits intermèdes à intercaler, aux blagues de rigueur à instiller, au besoin de faire rire, de détendre l’atmosphère pour des gens qui pourtant sont généralement là pour bouffer et parler et pas pour écouter la musique, nos deux compères vont préparer une programmation prévue pour plaire à chacun.
Un humour tendre et bon enfant anime ces deux fous des rimes, ces humoristes de la chanson, ces jongleurs des mots.
Pendant un peu plus d’une heure quarante, ils vont nous emporter dans un délire musico-verbal au gré de leurs choix ou de leurs humeurs.
Ils profitent de l’occasion pour revisiter leurs classiques comme Le cul de Lucette (Pierre Perret 1971), le tragicomique Les haricots (interprété par Bourvil dans La route Fleurie en 1953), À Joinville-le-Pont (Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, 1952), mais aussi pour en tester de nouvelles.
Que l’âge des chansons ne rebute pas les plus jeunes, le spectacle est délicieusement intemporel et si les chansons entonnées avec cœur et fougue (et une petite touche de Brel) par Bernard Suin peuvent paraître désuètes, les ritournelles parodiques ou bourrées de jeux de mots de Xavier Zgrzywa sont un petit régal d’humour et de fantaisie (des témoins de Jéhovah au Steak aztèque, aux histoires d’amour électriques)
Qu’ils égratignent le gratuit, les femmes naturellement, le garage Citroën du coin (tsssss nous ne ferons pas de publicité ici) ou qu’ils racontent des anecdotes comme celle du Prince de Madrid, des blagues à deux sous ou des gaudrioles inventives, tout semble couler de source et à voir la complicité qui les unit et le nombre de partitions qu’ils ont en réserve, que le spectacle ne doit jamais être deux fois le même.
Les deux associés s’asticotent sans vergogne et se jouent, complices du public, qu’ils taquinent gentiment, sembler le considérer tout à tour comme réel ou imaginaire.
Le tangible est en tout cas les rires et la bonne humeur qui se dégagent du spectacle.
On se prête bon enfant à toutes leurs fantaisies et on ne peut qu’applaudir la prestation de ce plaisant duo.
Mais il y a comme il se doit un bémol, un gros.
Même s’ils expliquent ironiquement que les artistes sont les seuls à devoir bisser gratuitement leur travail, nous on en reprendrait bien deux louches pour la route.
Muriel Hublet |