Le démon de midi titille Monsieur.
Son épouse, lassée de telles frasques et de devoir servir de mère de substitution aux gamines que drague son mari, désire mourir.
Elle multiplie les tentatives de suicide pour tenter d'obtenir respect, amour et fidélité.
Il ne rêve que de liberté et prône les vertus du couple ouvert.
Soumise, elle accepte ce qui la révulse.
Le macho, dégoulinant de testostérone satisfaite, serait ravi si se prenant au jeu, son opprimée moitié ne voulait s’envoler hors de la cage sensée être restée ouverte.
Une histoire tellement banale, qui fait qu’elle va droit au cœur de chacun.
Lui (Oscar Dubru) est tellement gonflé d’autosatisfaction qu’on doit réprimer une sérieuse envie de le gifler.
Elle (Erminia Marchal) en victime consentante fait quasi pitié, si ce n’est que par instants, dans ce choix scénique, elle est à la limite de la harpie imbuvable qui fait qu’on en comprendrait presque son pauvre mari.
Généralement jouée sur un rythme endiablé, cette pure comédie de mœurs à l’italienne, satirique, envolée et grinçante, écrite par Dario Fo et Franca Rame se réduit souvent à un régal de situations piquantes et de répliques cinglantes.
Loin pourtant de tomber dans la dramatique, la pièce prend ici une nuance plus mesurée et met crument en évidence toute la réalité et la cruauté d’une crise conjugale.
Faut-il en chercher les raisons du côté de la mise en scène classique de Gérard Gianviti, de la maturité des comédiens, de la tenue tellement bourgeoise d’Antonia/Erminia ou encore du dénuement du plateau ?
Impossible d’en déterminer vraiment le pourquoi.
Ceux qui espèrent une grande pinte de rires risquent d’être un tantinet déçus, même si certains tableaux sont hautement comiques dans leurs tons volontairement surjoués.
Texte truffé de réflexions acides et de bons mots, ce Couple ouvert à deux battants prend donc ici un relief plus profond.
Pour les autres, ils découvriront différemment cette jubilatoire méchanceté et ces dialogues crus et y percevront très probablement, derrière les propos cinglants la vulnérabilité et le besoin d’être aimé tapi au fond de chacun.
Muriel Hublet |