Au milieu d’une pile de caisses, Valérie et Christophe vivent leur dernière journée de couple marié.
Ce soir, ils seront chacun dans leur propre appartement.
Couple de comédiens en vue, ils restent cependant liés l’un à l’autre professionnellement.
Ils jouent ensemble, vont tourner un film ensemble, la mère de Christophe finance la création de sa belle-fille, …
Comment se séparer d’une manière claire et nette ainsi ?
Que faire des enfants qui passent déjà leur vie en pensionnat et les week-ends chez les grands-parents ?
Comment annoncer cela à Mamy et si plutôt on lui mentait, quitte à laisser quelques vêtements de l’autre traîner dans le nouvel appartement et à continuer à se rendre à ses invitations en couple, et pourquoi pas même, garder le même message sur le répondeur pour ne pas dérouter cette fragile vieille dame ?
La question est finalement pourquoi divorcer ?
Sorte de coup de tête de Christophe, une jalousie mal placée, une incompréhension mutuelle, … ?
Les possibilités sont nombreuses même si au fin fond d’eux même les deux époux continuent à s’aimer et se le cachent à grand renfort de dénégation et d’étalage manifeste de mauvaise foi.
Entre un journaliste du magazine Mariage qui souhaite faire un reportage sur les deux fidèles de la scène française et un déménageur débonnaire et lucide, Christophe et Valérie vont avoir fort à faire surtout si le cabot et son curieux avenir ne venaient un peu plus brouiller les cartes.
Dernière création de Mythic et Hugo Rezeda, Le Cabot explore les relations de couple.
D’une manière douce et piquante, ils opposent l’amour, les incompréhensions, les jalousies, les querelles pour des broutilles, dans une comédie tendre et pertinente qui nous place devant nos propres écarts, dérives et autres petits défauts, à nos yeux bénins, mais qui doivent diantrement agacer nos conjoints.
Par le petit bout de la lorgnette, c’est vous, c’est moi, c’est le couple en général qui est croqué dans ce portrait à peine exagéré d’un couple de cabotins en plein ratage sentimental.
Plus soft, moins prolixe en gags, le propos amuse et fait sourire par sa pertinence plus que par son côté grandiloquent et délirant.
Loin d’être un reproche, cette approche nous offre une comédie de mœurs intéressante.
Si elle n’a peut-être pas été conçue dans la douleur, la pièce a dû être montée dans l’urgence d’un planning inopinément raccourci.
Pour cette première vision, presque confidentielle, si l’on sait que des réglages devront encore être apportés, on reste malgré tout agréablement surpris par le texte et l’interprétation sans faille (presque délirante) d’ Hugo Rezeda en journaliste très efféminé ou de François Nanna en déménageur, typé, bourru mais bien amusant.
Sacha Cortez est Christophe, il se défend pas mal du tout le bougre dans son rôle de mari d’une mauvaise foi incroyable et manipulateur en diable.
Face à lui, Sophie Didier peine plus à s’imposer. Même si certaines de ses hésitations et ses petites faiblesses de jeu réussissent à faire paraître Valérie comme touchante, émouvante mais aussi retorse.
Gageons que d’ici peu, Le Cabot sera une féroce comédie mordante et tout à la fois attachante.
Muriel Hublet |