Tout les oppose.
Ralph Messenger est cartésien, scientifique, pragmatique.
Helen Reed est écrivain, elle croit en l’âme et aux sentiments.
Une rencontre sur un campus entre ce chercheur qui considère l’homme comme un ordinateur où les neurones ne sont que des relais électriques et cette femme sensible et fragile qui essaie de surmonter la perte de son époux.
Ils n’ont rien en commun et pourtant, ils sont irrésistiblement attirés l’un par l’autre.
Patricia Ide et Michel Kacenelenbogen vont vivre cette romance inattendue et faire de Pensées Secrètes une plaisante comédie. Benoît Verhaert réunit, pour la première fois sur les planches, ces deux complices dans la vie.
Sa mise en scène originale commence à rideaux fermés par des discours lors d’un colloque sur les sciences cognitives.
La scène enfin révélée, on découvre le superbe décor de Xavier Rijs, qui astucieusement reconstitue, tout à la fois, le bureau de Ralph, le salon d’Helen et la forêt qui sépare les deux lieux.
Pendant une heure quarante, les deux futurs amants vont s’y affronter en paroles dans une sorte de danse de séduction.
Et c’est là que la pièce souffre de certaines lourdeurs.
Les dialogues se compliquent, par moments, de références savantes ou de terminologies parfois rebutantes. Il faut au spectateur beaucoup d’attention pour comprendre tout ce jargon et cela donne une impression fugace de froideur qui n’est pourtant guère justifiée par l’ensemble.
A sa décharge, Benoît Verhaert a adapté le roman de David Lodge avec beaucoup de sensibilité et de finesse. Lecôté très charabia scientifique ne pouvait, cependant, être évacué, car il fait partie intégrante du caractère des deux personnages.
Une fois dépassé cet éventuel inconfort, Pensées Secrètes devient tout à la fois drôle et émouvante.
Elle se joue des petites manies de Ralph et d’Helen, titille leurs sentiments dans une joute tendrement amoureuse, délicieusement séduisante et pose la terrible question du jardin secret.
Est-ce un droit, un parc public ou un fruit défendu comme le suggère un moment l’apparition d’une pomme et les références à Adam et Eve ?
Dotée d’un humour très british dans le texte et dans le geste, la pièce offre à Michel Kacenelenbogen un rôle de jouisseur gourmand des plaisirs de la chair. Gracile jeune femme, Patricia Ide est très humaine dans son interprétation de cette esseulée, enfermée dans une forteresse de chagrin et qui ne demande qu’à être prise d’assaut (courtois).
Une comédie enlevée qui se joue des extrêmes pour les attirer dans le piège de l’amour.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 14-09-2007
Théâtre Le Public
Présentation du spectacle :
Résumé :
Ralph Messenger est un éminent chercheur en sciences cognitives. Il est convaincu que l'homme n'est qu'un paquet de neurones, et sa conscience une sorte de logiciel. Helen Reed est écrivain. Elle vient de perdre son mari et elle veut croire en l'immortalité de l'âme. Ils se rencontrent sur un campus universitaire perdu en rase campagne, où les jeux de séduction distraient autant qu'ils rassurent.