Un homme et une femme s’affrontent, dans une joute oratoire incisive.
L’un (Pierre Laroche) veut acheter une source d’eau, l’autre (Jacqueline Bir) refuse de la vendre.
Chacun affûte ses arguments.
A grands renforts d’idéologie généreuse, elle défend son bien, le bien de sa communauté, celui pour lequel elle a lutté et a souffert dans sa chair.
Lui aligne chiffres, notion de bien public, d’assainissement, de rentabilité.
Rien ne semble pouvoir les mettre d’accord.
Si l’oreille perçoit les mots, le cœur semble dire autre chose et l’air est imperceptiblement chargé de bien plus d’enjeux que ce combat symbolique pour l’eau du Loup.
Pietro Pizzuti (Le Silence des mères) nous parle (chiffres à l’appui) des enjeux de l’eau, de sa commercialisation à outrance, de la mondialisation d’un bien sensé être gratuit, de la soif qui taraude une partie non négligeable de la population, …
Pour juste et pertinent que soit son propos, il est parfois un peu aride et nous donne presque l’impression d’être à une conférence qu’au théâtre.
Heureusement, le problème humain, une famille déchirée, qui tente de survivre aux conséquences d’un lourd passé est captivant et amené par bribes, par une série d’allers-retours dans le passé et nous faire découvrir que l’eau n’est décidément pas le seul enjeu et même n’est qu’au second plan dans ce combat d’un frère contre sa sœur (ou l’inverse).
Une pièce double que la mise en scène pourtant sans reproches de Christine Delmotte, le décor chatoyant de Catherine Somers et le talent des deux monstres sacrés des planches ne suffisent pas à adoucir.
Les sentiments sont bien là, perceptibles, presque palpables, mais ils n’arrivent jamais à s’embraser, à donner toute leur chaleur, à luire de toutes leurs flammes, trop vite éteints qu’ils sont par un grand seau d’eau à chaque fois que l’on reparle chiffres, perspectives et projections.
Quand on a encore en mémoire la sensibilité et l’émotion du Silence des mères, on est un peu déçu par L’eau du Loup qui semble presque une juxtaposition d’un thème racoleur avec une histoire profonde où il semble manquer un peu de texte pour en faire une pièce seule.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 01-02-2008
Théâtre des Martyrs
Présentation du spectacle :
Résumé :
Une vieille maison coloniale dans le sud. Une source millénaire à laquelle le village puise la vie. Une femme et un homme aux cheveux blancs se parlent. Il dirige une importante entreprise d’exploitation d’eau. Elle possède la propriété. Tout les sépare depuis l’enfance… Avec ce très beau texte sur la possession de l’eau, Pietro Pizzuti pose des interrogations vitales pour notre avenir à tous.
L'affiche :
de Pietro Pizzuti
avec Jacqueline Bir, Pierre Laroche et Pietro Pizzuti