Une île isolée, oubliée, presque inconnue, battue par les vents froids, qui vit et vibre au son des cris des oiseaux…
St Kilda.
Une histoire, un mythe presque, celle d’un peuple disparu surnommé les hommes-oiseaux.
Pas très loin de chez nous, à quelques kilomètres des côtes écossaises, ils vivaient, en autarcie, d’un peu d’élevage et des oiseaux de mer.
Un peuple chasseur qui passait son temps à la verticale des falaises à attraper les oiseaux, recueillir œuf et plumes, ramasser le guano. Isolé, il ne connaissait ni les arbres, ni la guerre, ni le miroir, ni le pronom "je"…
La vie moderne et les épidémies ont eu raison d’une survie de plus de deux mille ans.
En 1930, ces familles ont été arrachées, parfois de force, à leur éperon rocher et transportées sur le continent.
Exode moderne et mort d’une civilisation.
Pour deux jours, l’Europe se souvient.
Cinq lieux de spectacles européens (Valenciennes en France, Stornoway en Écosse, Düsseldorf en Allemagne, Hallstatt en Autriche et Mons pour la Belgique) proposent simultanément une représentation presque commune.
Chaque pays présentera les mêmes musiques, les mêmes chants, le même texte, sur des images de fond communes.
Seules les mises en scène différeront d’un pays à l’autre.
Dans un direct bien synchronisé, parvenaient, ce vendredi à Mons des images filmées sur l’île de St Kilda mais aussi un film réalisé à partir de prises de vues actuelles et d’archives pour retracer la vie et le drame vécu par les St Kildans.
La scène du Manège est presque épurée de tout décor pour laisser toute la place à la magie des sons et à la puissance des émotions.
Car c’est bien là le mot-clé de cette représentation.
Des images sublimes de cette île étrange, envoûtante vont défiler (sur un écran gigantesque placé en fond de scène), nous entraîner d’un bord de falaise au village de pierre, de la plage de galets aux sommets embrumés, pour nous plonger dans l’à-pic vertigineux à la suite des chasseurs d’oiseaux.
La musique et les chants gaéliques vibrent, résonnent et se mélangent au bruit des vagues et aux cris des oiseaux pour créer un univers sonore unique.
Souvenirs d’un homme, récit d’un mode de vie, histoire d’amour, un véritable drame se déroule en une heure et demie sur scène, là où la vie a mis 2.000 à tout détruire.
St Kilda revit, s’anime pour quelques heures, distille sa foi, sa confiance, ses croyances, ses souffrances et sa détresse.
Des scènes poignantes, des images fabuleuses et époustouflantes comme ces reconstitutions du travail des hommes-oiseaux par la compagnie parisienne de danse verticale Retouramont vont amplifier et donner toute sa dimension à cette tragédie humaine.
Sur scène, à Mons, sous la direction de Thierry Pocquet, Alain Eloy représente ce peuple en souffrance, la chanteuse gaélique Alyth McCormack souligne de sa voix cristalline l’émotion et la tragédie du récit. A ses côtés, huit choristes sont tout à la fois acteurs, chœurs et personnages. Trois acrobates accentuent le visuel du film par quelques scènes plus personnelles, mais aussi originales et sublimes comme celles de l’oiseau bleu.
Il ne reste donc d’un seul soir pour profiter de cette création unique à Mons.
Un DVD est d’ores et déjà promis, ainsi d’une future tournée du spectacle écossais.
Mais visionner ce spectacle sur DVD ne vous rendra jamais l’émotion prenante et l’ambiance recréée par la magie visuelle et le travail des acteurs.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 22-06-2007
Mars - Mons arts de la scène
Présentation du spectacle :
Résumé :
Ceci est l’histoire d’un peuple disparu… Il ne connaissait ni les arbres, ni la guerre, ni le miroir, ni le pronom « je »…
L'affiche :
Avec Alyth McCormack, Alain Eloy, Christine Spranger, Maria Seminara, Samia Abderrahmani, Sandra Nazé, Denis Mignien, François Mulard, François Xhrouet, Daniel Ottevaere / Les acrobates Claire Nouteau, Cristobal Pereira, Loick Reiter