Écrit en 1996, mis en scène et interprété par Josiane Balasko, Un grand cri d'amour clôture la saison du Théâtre du Vaudeville.
En quelques mots, l’action se résume en la confrontation d’un couple séparé par des malentendus.
Particularité : ce sont des acteurs, des cabotins, des égocentriques
Sylvestre leur ami, agent et surtout grand manipulateur leur a un peu forcé la main pour les obliger à jouer ensemble.
Alain Lackner devient ici Hugo Martial, le mari bafoué et cocufieur, enragé après son ex-femme, un cavaleur à la carrière désormais chancelante et qui accepte mal de se voir reléguer au second plan d’une affiche.
Gigi Ortega se dessine sous les traits Graziella de Villa, une comédienne qui a connu l’alcool, la dépression, le suicide et est quasi réduite à la mendicité.
Max Launoy incarne Sylvestre le menteur de service qui aligne les mensonges pour apitoyer et amadouer ces deux ex-monstres sacrés des planches.
Dernier membre du quatuor, Giuseppe Maligieri est Léon, le metteur en scène, un personnage presque fragile, aux épaules bien trop étroites pour trouver en lui la force de dresser et mater les deux fauves enragés.
Toutes les séquences vont se passer sur un plateau où nous allons assister aux rencontres, aux répétitions, au montage du décor, et aux prémices de la première représentation.
Philippe Vincent tient les rênes de la mise en scène de ce vaudeville typique.
S’il n’est jamais facile de reprendre et de s’approprier un tantinet une pièce bien connue et dans le cas d’Un grand cri d’amour, de tenter de marcher dans les pas de Josiane Balasko, on reprochera malgré tout à PHilippe Vincent son manque de punch et l'absence du petit côté strass, paillettes et folie sans conteste propres à ce texte.
La pièce s’articule sur l’opposition entre réalité et monde du théâtre et devient par le scénario, du théâtre dans le théâtre.
Philippe Vincent gâche cette perspective en dépeignant de manière trop sage ses personnages.
Il transforme Gigi, actrice que l’on imagine sans peine, à l’image de sa créatrice, excentrique, revêtue de clinquant et de flashy une personne presque normale, aux vêtements sages.
Giuseppe Maligieri apparaît comme un Léon encore plus effacé et victime que nécessaire.
Philippe Vincent semble avoir demandé à Hugo Martial - Alain Lackner de réprimer ses colères et ses emportements et à Max Launoy de retenir son comportement délicieusement fielleux et retors.
Ce qui nous donne un spectacle en demi-teinte.
Et pourtant, faire évoluer le spectacle pendant le montage graduel des décors dénote d’une certaine imagination (et s’avère didactique). Imaginer deux acolytes menuisiers en duo à la Laurel et Hardy se révèle une conception originale.
Inviter sur le plateau, comme éléments de décors, des statues connues, est un clin d’œil culturel artistique intéressant.
Malgré ces différents atouts, la sauce a difficile à prendre.
Mais si on n'a pas la vision haute en couleur, épicée et contrastée que l'on pouvait espérer de cette caricature du monde des acteurs, le texte garde tout son piquant, son ton impertinent et ses propos épicés. Ce couple au caractère de cochon, à l’ego surdimensionné et aux réparties atrocement pleines de vilenie et … d’humour reste toujours une rencontre pleine de rire et d’amusement.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 22-05-2008
Espace Marignan
Présentation du spectacle :
Résumé :
Quinze ans auparavant, ils furent un couple vedette, accumulant les succès sur scène et à l’écran. Mais le temps a passé, Hugo et Gigi se sont séparés, Hugo continuant sa carrière très honorablement, Gigi sombrant dans l’oubli, l’alcool et la dépression.
L'affiche :
De Josiane Balasko
Avec : Graziella de Villa, Alain Lackner, Giuseppe Maligieri et Max Launoy