Une scène toute noire.
Au milieu, une sorte de niche blanche.
Au sol, quelques personnages de fil de fer et sur les murs quelques dessins d’échelle et de personnages filiformes.
Etrange monde…
Et voilà que survient un drôle de personnage, chaussures trop grandes, frac élimé, chapeau melon et petite moustache…
Un émule de Charlie Chaplin pour nous guider dans Les Temps Modernes version Beckett. Le Dépeupleur, ce petit livre d’une cinquantaine de pages est souvent méconnu et pour cause.
Enigmatique, interloquant, le texte, sorte de long monologue décrit un univers hors norme.
Un endroit bizarroïde, un cylindre surbaissé ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l'harmonie, peuplé de 200 personnes, soumis à des changements de climats, avec en permanence de la lumière, le sol vide de tout objet, les personnes nues, contre le mur 15 échelles et dans la hauteur de la circonférence des niches…
Un monde singulier régit par des règles innées avec ses obligations, son esprit de castes, ses rôles, ses devoirs, ses contraintes et son vide.
Où est ce monde, qui est le Dépeupleur, nous ne le saurons jamais, Beckett crée une utopie cauchemardesque que l’acteur Michel Didym nous fait visiter pas à pas.
Tout doucement, mot à mot, phrase après phrase, pendant une soixantaine de minutes, il dévoile le contenu de ce cylindre si particulier et la triste vie des pauvres hères qui y sont enfermés.
D’un amas de chiffres et de données à l’autre, dans le style sociologique ou ethnologique, il nous entraîne dans les cercles et les lois qui régissent le microcosme Beckettien.
Surprenant, intrigant et par moment à vous donner froid dans le dos, car notre univers et celui du cylindre ne sont pas forcément très éloignés l’un de l’autre.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 09-10-2007
Théâtre Varia
Présentation du spectacle :
Résumé :
Sous le regard complice d’Alain Françon, vêtu d’une jaquette de cérémonie, portant chapeau melon, moustache noire et immenses chaussures tel un clown ou un Charlot, Michel Didym est le remarquable interprète du Dépeupleur, l’un des textes les plus insolites de Samuel Beckett. Ecrit en français et commencé en 1965, Le Dépeupleur ne paraît qu’en 1970 aux Editions de Minuit, après huit états différents. Du haut de ses cinquante-huit pages, ce petit traité cosmogonique, ethnographique ou éthologique, contrefait avec plaisir le discours scientifique énoncé sur un objet qui semble échapper à l’espace et au temps du monde.
L'affiche :
de Samuel Beckett
Avec Michel Didym et la complicité artistique d’Alain Françon