C’est la Belgique qui est de la Revue cette année.
Pas de gouvernement, des politicards qui se tirent dans le dos à coup de petites phrases assassines ou de gifles (figuratives), la revue des Galeries mouture orange bleue est donc éminemment influencée (trop peut-être ?) par ce sujet qui est au centre des préoccupations de beaucoup, pour ne pas dire tous.
L’ouverture donne le ton, Mistinguett (Laure Godisiabois) nous serine notre belgitude désespérée sur le ton d’un C’est vrai vibrant.
Elle est très vite suivie de Richard Ruben qui décoche les premières flèches dirigées vers la volonté flamande de séparatisme, qu’il accompagnera d’une série d’exemples-résultats dont un pauvre Michel Daerden parlant flamand.
La revue 2008 se révèle aussi un véritable baromètre politique quand le monsieur Loyal du jour (Pierre Pigeolet) invite le Roi-magicien (Bernard Lefrancq) à scinder en deux un coffre peint aux couleurs nationales dont dépassent les pieds et la tête de Miss Belgique. Chaque couleur du drapeau représente une région et les cris du public fusent selon où la lame se dirige, avec en final une belle unité pour refuser cette scission.
Autre moment politiquement intéressant, l’excellente diatribe de Marcel Colla (Bernard Lefrancq) sur notre situation actuelle.
Pour le reste sur le sujet, cela ressemble plus aux querelles de gamins en cour de récréation du style je t’aime moi non plus.
Seul un étrange complot où les protagonistes masqués nous feront découvrir comment Yves Leterme en est arrivé là et une fiction (future réalité ?) sur la situation des voyageurs débarquant à Zaventem pimenteront la seconde partie.
Le volet revue musicale est un peu effacé au profit des sketches et c’est dommage, le medley décalé où chaque comédien interprète un morceau de chanson célèbre (au texte revu et corrigé) est savoureux et nous fait découvrir entre autres Édith Piaf (Angélique Leleux), Joe Dassin (Pierre Pigeolet), Mireille Mathieu (Laure Godisiabois), Léo Ferré (Marc De Roy) ou Patricia Kaas (Sandrine Henry).
Le numéro parodie de Chantons sous la pluie qui décrit notre côte belge sous la drache avec Kylian Campbell en Jean Kelly est d’une délicieuse qualité rafraîchissante.
C’est ce côté strass et paillettes qui manque un tantinet.
Trouver un juste équilibre était cette année effectivement très difficile, les humoristes ont été littéralement noyés sous les évènements et les possibilités.
Le sujet était inévitable, incontournable, mais peut-être traité ici de manière trop évidente.
Lassés de voir la politique envahir nos écrans chaque soir depuis six mois, un peu plus de rêverie aurait été probablement appréciée.
Mais ne boudons pas notre plaisir, voir brocarder nos hommes (et femmes, il ne faut pas oublier Joëlle) reste délectable.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 07-12-2007
Théâtre Royal des Galeries
Présentation du spectacle :
Résumé :
Chaque année, le travail sur La Revue démarre d’une page blanche en ayant comme unique postulat de développer l’actualité et comme défi de surprendre et faire rire le public. Le but, c’est de viser le renouvellement des thèmes, du fond et de la forme, malgré une structure précise. Les ingrédients : l’humour, l’éclat, la diversité des genres, la légèreté des critiques, la virtuosité des numéros et la joie, communicative, des comédiens. Pour le prix d’un seul ticket, c’est une multitude de genres que vous verrez sur la scène du Théâtre des Galeries. La Revue décline les diverses disciplines du music-hall et du divertissement.
L'affiche :
Avec Richard Ruben, Bernard Lefrancq, Marc De Roy, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Laure Godisiabois, Anne Chantraine, Heidi De Meester, Antoine Pedros et Kylian Campbell