 Capot avant d’une voiture customisée de manière plus qu’originale, où les essuie-glaces sont des tentures, le changement de vitesse un pommeau de douche, les clignoteurs des gants en caoutchouc et le volant un tuyau fixé sur lui-même, voilà le décor tout simple (signé Nedeljka Loncarevic) et pourtant bien imaginé de cette leçon de conduite plutôt délirante.
Zéro de conduite c’est les affres du permis de conduire version suisse.
S’ils ont des huitante ou des octante un peu étonnants pour nos oreilles plus habituées à quatre-vingts, pour le reste, il n’y a guère de différences entre nous, quel que soit notre versant des Alpes.
Les joies de la priorité de droite, la délectation de devoir démarrer en côte, les délices du parcage en marche arrière, l’embrouillamini de s’y retrouver entre pédale de gauche et pédale de droite, tout y passe dans un embouteillage digne (en volume) des Quatre-Bras de Tervuren aux heures de pointe et en saveur d’une bonne fondue vaudoise.
Les règlements en vigueur pour l’obtention de ce droit de rouler (en toute impunité ?) sont toujours un parcours du combattant ou presque.
Entre moniteurs barges et élèves particulièrement gratinés (au gruyère ?), il y a de quoi se payer une bonne tranche de rire.
Les jantes dames et les chers essieux découvriront les joies du photomaton, seront tour à tour drogués de gym ou de pilules, psychorigide, impulsive, excité, maniaque sexuelle, nunuche de première, dépressive, sportive, malfrat violent, je sais tout ou bourré de tic.
Entre absurde et surréalisme, rien ne fait pourtant exagéré dans ces portraits pimentés d’automobilistes de tout crin.
Zéro de conduite c’est un homme et une femme, une dizaine de saynètes, une bonne heure pour nous offrir un panaché d’élèves et de professeurs dans leurs différences, leurs petites manies et leurs gros travers.
D’une manière très bonne enfant, Valérie Bovet-Delisle et Yann Mercanton nous offrent, entre cric et ceinture de sécurité, un regard amusé sur la conduite, vue par le petit bout de la lorgnette et de plus à travers un rétroviseur gentiment déformant.
Avec des dialogues rapides et précis, ils se jouent des circonstances, enchaînent les gags et les retournements de situation avec pour seul but, nous faire faire le point (mort ?) sur notre manière de conduire (prudente, sportive, égoïste, dangereuse ou pourquoi pas ici impertinemment égayante).
Muriel Hublet |
A vous, chers amis de la route, simples piétons,
titulaires de permis A2, B, D1, Y ou W!
Ce spectacle vous raconte l'épopée fantastique
et délirante de l'apprentissage de la conduite.
