Joël Pommerat présente Je tremble 1 un peu comme un spectacle de cabaret, avec ses numéros divers et son rideau pailleté.
Airs connus, là s’arrête la comparaison.
Chaque scène s’apparente à un instantané de vie et interpelle sur l’Homme et sa perception de la réalité.
Pommerat compose des arrêts sur image qui explorent le glauque d’une réalité tristement
L’amour, la liberté, l’avenir, le rêve, le besoin d’exister dans le regard des autres, la souffrance et son acceptation résignée sont autant de thèmes abordés par les petites touches impressives de chaque récit poignant.
Spectacle visuel qui surfe sur l’étrange et le non-conformisme Je tremble 1 associe d’énormes qualités.
La mise en scène millimétrée est servie par des effets optiques de toute beauté.
Jeux de lumière et musiques particulièrement bien choisies semblent résonner comme les battements de cœur de l’humanité et font vibrer le public.
Et pourtant, certains aspects déconcertent.
L’impression de froideur, le sentiment de distanciation, les gestes lents plongent les spectateurs dans un malaise aux causes difficilement perceptibles.
Plaisir des yeux et trouble de l’esprit voilà Je tremble 1.
Une délicate et subtile confusion que chacun appréciera diversement selon son émotivité ou sa rationalité.
Je tremble 2, reprend la base du même récit, avec toujours comme personnage central un clown blanc.
Cet être désespéré va s’enfoncer dans les méandres les plus sordides de sa personnalité.
Pour regagner l’amour de sa belle, il veut briser son image, devenir autre.
Cette plongée dans l’abject de l’âme s’oppose âprement à la première partie du spectacle qui s’entourait d’une part de magie et d’un superbe onirisme.
L’opposition entre cette noirceur glauque et pesante et les illusions, jeux d’ombres ou de lumières de la première partie finit par décevoir là où le premier volet s’avérait séduisant.
Dommage.
Muriel Hublet |