Le soir est tombé.
Nous poussons les portes d’un théâtre à la découverte de la nuit, pour entre sur un espace vide, accueilli par 5 acteurs souriants (Angelo Dello Spedale, Sophie Descamps, Anne-Rose Goyet, Cécile Leburton, Renaud Van Camp).
Lumières artificielles des spots et chaleur bien réelle des sourires, nous nous retrouvons installés qui sur une chaise, qui sur une pile de matelas, qui avec des coussins dans le dos, qui sur un sofa improvisé pour attendre … la tombée du jour, l’arrivée de la nuit.
Moment de flottement étrange, un peu déconcertant où les acteurs vont aller et venir d’un coin à l’autre, l’un groupe de spectateurs à l’autre pour expliquer scientifiquement, philosophiquement ou intiment les différences perceptions que l’on a du mot nuit.
De la nuit est faite pour dormir, le dogme parental bien connu, à la chemise de nuit de rigueur (tiens et pourquoi ne pas dormir nu ?), en passant par la boîte de nuit, la nuit blanche, la nuit sans sommeil, la nuit noire, la nuit d’encre, l’étoilée, la nuit d’amour, la nuit de noces, la nuit porte conseil, le service de nuit, la table de nuit, dormir debout, …Pascal Crochet (concepteur et metteur en scène) vous propose de vivre la nuit, sa nuit, votre nuit, toutes les nuits.
Dans un spectacle qui mélange les mots, les gestes, les positions et qui s’ouvre à toutes les perceptions, toutes les audaces et toutes les imaginations, il vous entraîne dans la nuit sombre, à la lumière de la lampe de chevet ou de la lampe de poche.
Il guide ses acteurs dans une exploration nocturne de nos comportements : il se pose en chien de fusil sur le matelas, elle se tourne et se retourne à la recherche du sommeil en fuite, il se calfeutre de la lumière des étoiles, elle se glisse entre les draps, elle étreint son coussin, il rêve, elle dort à poings fermés, il sourit en dormant, elle cauchemarde, …
Et vous ?
Calme, feutré, la pièce se veut intimiste.
Il est dommage que la taille de la salle des Tanneurs fausse un peu cette perception.
Seuls cinquante spectateurs par séance sont accueillis pour leur permettre de vivre au mieux, cette nuit de découverte et ainsi de partager de manière idéale les impressions que les acteurs tentent de faire voler comme des papillons (de nuit) autour d’eux.
Mais dans un espace trop grand, les perceptions se diluent et s’envolent vite telles de fragiles volutes que l’on a bien du mal à saisir et à apprécier.
La nuit, toutes nos nuits... se veut du théâtre participatif, auquel beaucoup de spectateurs seront bien peu habitués.
Petits toussotements, petits rires étouffés sont souvent la preuve de cette gêne toute relative, car le public se prête bon enfant aux gestes, aux sourires ou aux caresses des acteurs qui viennent leur parler, les interpeller ou encore les éclairer.
Entre rêve éveillé et songe fugace, La nuit, toutes nos nuits... est comme un instant volé, une fleur fragile, qui ne vit qu’un instant, qu’une heure à la lueur des étoiles.
Délicat, tendre, émouvant, étonnant, gênant, parfois imperceptible, le spectacle surprendra, agacera ou séduira dans sa forme ou dans son propos.
A chacun sa nuit ...
Muriel Hublet
Spectacle vu le 23-10-2007
Théâtre Les Tanneurs
Présentation du spectacle :
Résumé :
C'est quoi la nuit ? Quels fantômes et Loin du rapport scène-salle traditionnel, les comédiens et le public partagent le même espace, la même nuit. Tous attendent ensemble la tombée du jour, tous entrent ensemble dans l’obscurité... Pendant le voyage, la rencontre entre acteur et spectateur est réelle, marquée par la proximité et la matérialité des corps. L’infime, l’éphémère, le précaire s’offrent ainsi aux sens d’une petite cinquantaine de personnes.
L'affiche :
Conception et mise en scène : Pascal Crochet
Avec : Angelo Dello Spedale, Sophie Descamps, Anne-Rose Goyet, Cécile Leburton, Renaud Van Camp