Nathalie Garnier fait un mètre 58 au garrot.
Un petit bout de femme, pas encore assez petit puisqu’on lui a aussi amputer son prénom pour en faire Nath.
Mignonne, vêtue très années 50, jupe de vichy noir et blouse blanche, elle arpente la scène d’un pas décidé.
Avec la même vigueur, la même ardeur qu’elle semble mettre pour dévorer la vie … avec ses dents du bonheur.
Parfois un peu naïvement, la jeune femme, bien campée dans sa vision réaliste de son univers évoque sa vie.
De l’enfance à l’adolescence, avec les diktats de la silhouette, les premiers flirts, les premiers émois, les premières expériences.
Elle s’est lancée dans le loto géant de la vie à la recherche de l’amour.
Comme six milliards d’hommes et de femmes, elle cherche l’élu, son double sentimental.
Loterie faussée ? Trucage ? Quête d’un inaccessible Graal ? Mensonge éhonté ou but dans la vie ?
Nath ne se laisse pas ébranler par les statistiques.
Pas question d’abandonner, elle y croit … elle va trouver son Namour.
Dans une sorte de mise au point intérieure, de flash-back, elle évoque tout ce qui la touche : la guerre, le terrorisme, la peur d’enfanter, la solitude, le pape, la sexualité, le suicide, l’amitié, la famille, les enfants, la faim, la pauvreté.
Tout à la fois révolutionnaire et réactionnaire, moderne aux nuances traditionalistes, féministe qui apprécie les égards masculins, Nath est jusqu’au bout des ongles un concentré de féminité bien actuelle.
Naturelle, spontanée, humaniste, enthousiaste, rebelle, classique, enfantine et mature, elle est Femme. Frédérique Panadero est cette flamme, ce feu follet, cet éternel et incompréhensible mystère (pour les yeux masculins).
Lumineuse, l’actrice se glisse dans cette seconde peau avec une aisance confondante.
On en arrive à confondre l’une et l’autre, à l’interpeller du prénom de Nath dans le foyer du Théâtre de La Clarencière après la représentation tant l’image est réelle, réaliste et attachante.
Le plus étonnant reste que ce monologue féminin a été écrit et mis en scène, avec beaucoup de sensibilité et de tendresse, par un homme, Marc Weidemann (Le Cri).
L’auteur belge confie avoir conçu ce spectacle pour la jeune comédienne, comme cela, tout simplement, d’une idée née au Festival d’Avignon.
Si Fréderique Panadero a les dents du bonheur pour lui porter un peu plus chance, il est malgré tout des hasards à marquer d’une pierre blanche.
Cette rencontre fortuite vient de donner naissance à un seul en scène séduisant et brillant.
Une petite étoile qui s’allume un soir de nuit noire pour illuminer par sa franchise, sa pertinence et son sourire le ciel théâtral.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 20-10-2007
Théâtre de la Clarencière
Présentation du spectacle :
Résumé :
Elle est jeune, elle est belle, mais elle... Pense ! Fille, nana, femme, peut-être mère, panthère, douce, agressive, un peu folle pour certains, elle a... les dents du Bonheur ! Et elle croque la vie, raconte la sienne, sans doute celle de toutes les femmes du vingt-et-unième siècle, par un regard perçant, des mots drôles et acides, des coq-à-l'âne qui jonglent avec les émotions et avec vos nerfs...
L'affiche :
Un spectacle écrit et mis en scène par Marc Weidemann