Microfictions du romancier Régis Jauffret explore le côté obscur et (volontairement) insoupçonné soigneusement caché derrière nos bienséantes façades.
Le livre recense près de 500 situations, brièvement décrites. Ces véritables condensés de vie fouillent nos facettes glauques, nos tabous, nos hontes et nos déviances.
Ironique, caustique, sans aucune censure (mais sans tomber dans l’excès de la provocation gratuite), le texte offre à Yann Mercanton un terrain fertile à toutes les audaces et à toutes les interprétations.
Le comédien et metteur en scène s’est littéralement approprié les mots pour nous transmettre une vision décalée, audacieuse et surprenante.
Seul en scène, avec quelques accessoires judicieusement choisis, Yann Mercanton est le voleur raisonnable, l’épouse castratrice, la mère incestueuse, l’actrice sur le retour, le mort en sursis, la bourgeoise et sa domesticité, … .
Il se glisse avec grâce, presque de manière invisible, dans la peau de chaque personnage.
La voix, le faciès, la gestuelle tout y est.
Cette symbiose fantastique est fascinante à observer. Insérée dans son écrin scénographique, elle y puise le moyen de s’amplifier grâce à la superbe adéquation des détails visuels, du travail des lumières (Yan Godat) ou encore de la composition des musiques (Stéphane Blok).
Ce travail de précision est tout simplement époustouflant.
Impossible donc de demeurer insensible devant cette prouesse physique, de cette maîtrise corporelle de chaque instant.
Tant le texte de Régis Jauffret que la créativité et la recherche de Yann Mercanton atteignent un rare niveau d’excellence.
Mais, par instants, leur mariage fluctue entre ambivalent et ambigu.
Si chacun des deux séparément reste séduisant, on a comme l’impression d’une double perception ou mieux, d’une certaine dichotomie entre le verbe et la quasi-chorégraphie.
Subtil décalé ? Errements volontaires ? Discernement consciemment troublé ? Errance préméditée ? Peu importe.
Microfictions nous plonge dans un univers glauque, fantasmagorique, fascinant et lancinant, avec une troublante dualité entre le mot et le geste et le résultat en devient sidérant et fascinant.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 21-04-2009
Centre Culturel des Riches-Claires
Présentation du spectacle :
Résumé :
Un spectacle sonnant et trébuchant qui nous fait rire de notre prochain tout en remerciant le ciel de ne pas trop lui ressembler !