Du classique plaisant sans ennuyer, ni lasser
Ecrites par Choderlos De Laclos; ces lettres sulfureuses et retorses évoquent le destin de deux amants qui se jouent de la société pudibonde de l’époque, de deux débauchés pour qui les sentiments sont feuilles dans le vent et qui foulent aux pieds les conventions.
Chaque metteur en scène a donc une certaine liberté de les adapter.
Alain Beaufort (qui joue également le rôle de Valmont), privilégie le vécu à la simple lecture des lettres.
Il utilise les dispositions de la salle, qui fait déjà vieux château par elle-même, pour faire jouer l’action sur les escaliers et dans les alcôves.
Il nous offre ainsi un rendu plus vivant et animé que la vision frontale classiquement habituelle, plus statique.
Une attention particulière a été portée aux costumes pour donner le plus d’authenticité possible.
Le jeu se veut dynamique en reprenant quasi tous les personnages imaginés par l’auteur et en incorporant des scènes de cape et d’épée.
On découvrira donc, aux côtés d’Alain Beaufort (Valmont), Julie Anson (Mme de Merteuil) agréable en veuve noire, Isabelle Cosyns (Mme de Volanges) en mère idiote et caricaturale bien représentée, Déborah Van Cauter (Cécile de Volanges) en nunuche naïve, Olivier Douhéret (Azolan) en plaisant valet ironique et familier à souhait, Élisabeth Lebrun (Mme de Rosemonde) en tante clairvoyante, généreuse et aimante et Anne Marie Polster (Mme de Tourvel) piquante dans sa prestation d’une femme aux prises avec ses démons intérieurs.
Traitées intelligemment, avec quelques touches inventives (même le programme est original et très dans le ton de la pièce), ces Liaisons dangereuses sont réalistement ancrées dans l’esprit amoral et destructeur du jeu de séduction pervers imaginé par Choderlos De Laclos.
Muriel Hublet |