L’Église affronte la modernité, quand un vent de fraîcheur s’abat sur le presbytère de l’abbé Farley.
Le responsable ?
Un jeune séminariste, Marc Dolson, aux idées guère dans la ligne pure et dure du dogme. Bill C. Davis, l’auteur, évite de tomber dans la parodie ou dans la critique vitriolée.
Il aborde sans tabous, par la voix du jeune homme des problèmes bien actuels, qui remettent en question bien des fois branlantes, tels le sacerdoce des femmes, l’excommunication des divorcés, l’homosexualité, le mariage des prêtres, le sida, …
Il confronte donc un prêtre tout en retenue, presque onctueux, par peur de ne pas choquer, et un jeune chien fou qui brandit la religion comme un étendard.
Inévitablement, il va donc entrer en conflit avec la tradition séculaire et une hiérarchie plus soucieuse des apparences et des recettes de la quête que de la ferveur des fidèles.
L’abbé Farley va tenter de polir ce diamant brut, plein de fougue et à la foi profonde et intransigeante.
Dans une joute oratoire, tout à la fois sérieuse, ironique et acerbe, le mentor et son disciple vont, petit à petit, plonger au plus profond d’eux-mêmes et nous offrir des portraits d’hommes derrière la soutane.
Le décor est divisé en deux, l’église, ses prie-Dieu et sa chaire d’un côté, un bureau de l’autre.
La mise en scène de Claude Vignot insuffle force, vigueur et humanisme dans ces dialogues. Salvatore Vullo nous offre ainsi, par les mots de Bill C. Davis, deux vibrants sermons. Mais bien plus que ces deux moments intenses, il signe de bout en bout, une prestation soufflante !
Fougue et conviction sont les maîtres mots qui dirigent l’acteur dans son interprétation de ce jeune séminariste rebelle.
Son charisme et son éloquence sont ici d’un tel réalisme qu’on a l’impression de sentir flotter dans l’air des effluves d’encens.
On en vient presque à regretter ses rôles de comédie tant cette nouvelle facette qu’il nous découvre est stupéfiante de qualité. Jacques Delmeire, cheveux et sourcils blanchis, le visage patiné, est l’image de la bonhomie d’un prêtre à la douceur réconfortante.
Avec le temps, l’homme a appris à combler sa solitude morale en recherchant l’approbation de ses ouailles.
Soirées paroissiales, lotos et apparitions à la TV locale font de ce buveur irlandais un père showbizz et audimateur.
L’acteur, épaules voûtées, comme courbé par le poids du sacerdoce, nous montre qu’il peut lui aussi jouer dans un autre registre.
Son rôle, moins porteur de phrases fortes que celui de son élève, nous laisse malgré tout l’agréable impression que lui aussi peut nous offrir des spectacles différents avec brio.
Très différent des comédies boulevardières ou chansonnières que nous offrent régulièrement les Molières & Mocassins, L’affrontement est une véritable surprise.
La qualité de ses interprètes, le soin apporté au décor et la mise en scène rigoriste et vigoureuse nous permettent de dire que cette troupe d’amateurs, comme ils veulent se qualifier, sait nous offrir des spectacles dignes des plus grands.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 19-11-2007
Petit Théâtre de la Ruelle
Présentation du spectacle :
Résumé :
Un prêtre brillant, intelligent, malicieux et charismatique reçoit la difficile mission de s’occuper d’un jeune séminariste qui lui est confié par son supérieur hiérarchique. Le Révérend Père Farley tente de lui enseigner les voies qui conduisent au Sacerdoce.
L'affiche :
de Bill C. Davis
Distribution : Jacques Delmeire et Salvatore Vullo