Un endroit sans repères.
Un sol qui crisse sous les pas.
Des tenues insolites.
Des accessoires baroques.
Tout est fait pour dépayser, intriguer et déboussoler un public habitué au théâtre plus classique.
Et pourtant dans ce petit monde qui tourneboule cahin-caha on retrouve certaines références : le père, le fils, l’autorité parentale, le rôle du pater familias, la myriade de complexes et déviations en tous genres qui en ont résulté, fruits des psys et autres savants analyseurs de nos cerveaux, paraît-il, torturés et traumatisés.
Une femme donne son mari à manger à son fils …
Prendra-t-il la place paternelle jusque dans le lit conjugal ?
Quelle est la place de chacun, du chagrin, du deuil, de l’inceste, de la vie, de la mort et de la folie ?
Tout se mélange ici dans un désordre savant, dans une explosion inventive en gestes et objets détournés.
Rien n’est figé, tout est flou, énorme, démesuré, entre kitch et baroque.
Le spectacle intrigue, dérange, agace, surprend et séduit tout à la fois.
On ne sait trop sur quels chemins de traverse poussiéreux et sinueux la petite troupe nous emmène, mais chaque détour, chaque tournant est une surprise visuelle, une nouvelle raison d’étonnement qui fait sans cesse se demander jusqu’où vont-ils oser aller ?
D’un taenia bavard à une nourriture gluante, d’un fils vautour à un verre écumoire, d’une parodie réussie de tu es poussière et tu retourneras poussière à celle d’Enée transportant Anchise sur son dos, tout y passe dans un mélange burlesque, cocasse et foutraque.
Adipeux vs Rêche est donc tout sauf classique. Un fragile équilibre qui ne séduit que par l’imagination et la créativité de ses costumes, de sa mise en scène et de sa scénographie.
Muriel Hublet |