Les yeux dans les yeux avec son miroir, on s’inspecte, on épie les ridules, l’affaissement d’une paupière.
Ponçage, gommage, lissage, polissage, coupe, taille, limage, maquillage, brossage, tous les moyens sont bons pour paraître.
On traque le moindre poil disgracieux, le plus petit point noir, la plus minuscule pointe de vert entre les dents.
Lieu intime où on laisse tomber toute pudeur, où la nudité est normale, lieu d’aisances, on s’y retrouve face à soi-même, la salle de bain nous replace devant à certaines vérités, dont l’inéluctable fuite du temps.
Cachée, havre de paix, de solitude et de cruauté, elle devient scène dans cette pièce de François Archambault.
La mère obsédée de propreté qui finira par noyer sa fille, une rencontre avec la Mort, tapie dans la cuvette des WC, un homme confronté à ses souvenirs douloureux, une femme attend un tueur sous la douche en robe du soir, …
Soit une dizaine de saynètes pour explorer fantasmes et incongrus, saugrenus et absurde.
Si le propos manque peut-être de consistance (par rapport à la profondeur de certains autres textes de l’auteur), on ne pourra qu’applaudir la mise en scène inventive de Miriam Youssef.
Elle crée une ambiance de folie déjantée, elle insuffle rapide, presque comme un de ces vieux films dont on accélèrerait le défilement.
Elle demande à ses comédiens (Anne-Pascale Clairembourg, Nicole Oliver, Jean-François Rossion et Sébastien Schmit) un véritable travail physique.
Tout à la fois danseurs, mimes et alpinistes, ils évoluent avec aisance dans le décor joliment kitch de Thibaut De Coster et Charly Kleinermann.
Spectacle incongru, étonnant ou déroutant, Le lieu commun ne laissera personne indifférent.
Derrière l’apparente absence de consistance et de linéarité du propos, ceux qui se laissent emporter par la dynamique des mots et le jeu scénique aimeront leur soirée.
Pour les amateurs de textes, ceux qui n’apprécient peu l’humour décalé et les situations absconses, ces 100 minutes, sans entracte, risquent de paraître longuettes.
Il serait cependant dommage de faire l’impasse sur ce spectacle généreux, joyeusement foutraque et solidement interprété par quatre comédiens très complices.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 18-03-2010
Atelier 210
Présentation du spectacle :
Résumé :
Une mère, sa fille, leur voisin, un tueur, une femme saoule, une deuxième femme saoule, le mari des femmes saoules, un couple, un autre couple mais plus vieux, la mort,...: « Le Lieu commun » enferme une multitude de solitudes dans un lieu unique : une salle de bain.
L'affiche :
De François Archambault
Avec : Anne-Pascale Clairembourg, Nicole Oliver, Jean-François Rossion et Sébastien Schmit
Mise en scène : Miriam Youssef
Les prochaines représentations :
3
L'avis de Toulice
Soirée réussie, vrai moment de détente et d'amusement.Le spectacle un peu déroutant au début nous a vite "accrochés" grâce à la mise en scène singulière et aux acteurs convaincants et touchants.
Une salle de bain farfelue est le lieu où s'ench...