Notre critique de Le langue-à-langue des chiens de roche
Les chiens aboient, la poésie passe
Une île perdue, isolée, refermée sur elle-même où des jeunes se cherchent, essaient de se forger une réalité (à défaut d’une existence).
Des adultes minés par la vie, tentent de se maintenir un semblant d’image, de recréer des apparences décentes derrière leurs ruines intimes.
Hors de tout espace et hors du temps, les propos de Daniel Danis (auteur canadien d’entre autres les pièces Le chant du dire-dire et Le pont de pierres et la peau d'images) crée un univers clos, cru et poétique.
Il marie une langue colorée et imagée. Il jongle avec les mots et les émotions pour nous laisser percevoir un immense besoin d’amour par-delà le vacarme d’une meute des chiens hurlants.
Il manie adroitement les métaphores pour nous entraîner dans un récit qui vitriole les esprits et fait pleurer les coeurs.
La scénographie de Renata Gorka recrée cette vision d’un îlot escarpé et rocailleux grâce à des échafaudages et une avancée de bois.
La mise en scène de Georges Lini joue une nouvelle fois sur certains visuels forts.
Les premières images de ces 9 silhouettes rigides debout les poings serrés entre pénombre et fumée laissent espérer le sublime.
Si le récit de Daniel Danis oblige à une présentation des personnages et à la découverte de leurs ressentiments, de leurs colères refoulées pour mieux installer les germes du drame, Georges Lini donne une énergie telle à cette révolte intime que les comédiens semblent éructer leur rage, hurler leurs souffrances dans de grands cris, dans des galopades tumultueuses ou escalades échevelées.
Mais cette virulence sonore écrase en grande partie la poésie du propos, voire rend ce dernier, par instants, inaudible.
Les amateurs de textes puissants et prenants seront récompensés de leur patience (endurance ?) car le dernier quart de la pièce vaut lui franchement le détour.
On y retrouve la force, la profondeur et l’intensité de sentiments auxquels le ZUT nous a habitué.
Anna Cervinka, Mélanie Lamon, Séverine De Witte, Xavier Elsen, Benoît Strulus, Mathieu Meunier, A.I. Justens, Didier Colfs et Emmanuel Dell' Erba y servent magnifiquement des personnages poignants, déchirés, attachants et justes qui hurlent leurs Au secours d’amour.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 16-09-2009
Atelier 210
Présentation du spectacle :
Résumé :
« Apprends-moi à aimer plutôt qu’à aboyer »
Cérémonial sur les berges d'une île fictive du Saint-Laurent où vivent des êtres rares, singuliers. Cette communauté à la dérive se débat pour aimer et pour s'aimer, et le manque qui les habite résonne dans les hurlements entêtants des chiens et la fureur des « party rage ».
L'affiche :
De Daniel Danis
Avec : Anna Cervinka, Mélanie Lamon, Séverine De Witte, Xavier Elsen, Benoît Strulus, Mathieu Meunier, A.I.
Justens, … (distribution en cours).