Quelle plaie d’être le père d’un rejeton trop doué, surtout quand il vous fait de l’ombre.
Cette complainte est celle de Léopold Mozart (Bernard Vancraeynest), musicien de renom qui se voit relégué aux oubliettes par l’apparition de Wolfgang Amadeus Mozart (Christophe Gillis) qui dès cinq ans commence à séduire les foules.
Dans un discours plaintif, mais non dénué d’humour, il relate ses déboires, il critique l’œuvre de son fils, il se bat contre lui dans des joutes musicales épiques, le tout à grand renfort de notes, de gags et de sonorités parfois étonnantes.
Un quintet à cordes en grande tenue d’époque accompagne les deux duellistes musicaux.
Pendant une heure trente, ils vont vous emmener dans l’oeuvre de Mozart revisitée sur la gamme de la facétie, sans fausse note, dans un tempo trépidant, original et légèrement iconoclaste.
Le tout se fait pourtant avec un grand respect du compositeur le plus follement génial de tous les temps (en tout cas, c’est FFortissimo qui le dit).
Si certains jeux de mots font parfois un peu private joke en référence à l’univers musical, le tout reste accessible à tous, mélomanes ou non.
La Symphonie des Jouets sur portique de bébé, les bruits de la vie et leur influence sur la musique, la répétition d’un accord sur une variation de tempo, une Star Ac musicale qui opposera père et fils, la transmutation de La danse des canards en musique classique, un opéra italien très appétissant, la meilleure manière l’alléger les partitions trop lourdes pour les réduire à quelques notes, …
Voilà quelques-uns des passages à découvrir par les yeux et les oreilles dans un concert décoiffant, amusant et qui mérite bien les nombreux applaudissements qui le clôture.
Un spectacle tout à la fois visuel, qui mystifie agréablement les oreilles et qui titille délicieusement la touche humoristique en chacun de nous.
Et pour paraphraser une des références du spectacle, Christophe Gillis et Bernard Vancraeynest sont deux géniaux agitateurs musicaux.
Muriel Hublet |