Notre critique de Monsieur et Madame Roméo et Juliette
Les vieux mariés de Vérone
30 ans après, Roméo et Juliette vivent toujours à Vérone.
Mariés, ils occupent un appartement miteux (Christian Ferrauge) avec leur adolescente de fille, Lucrèce.
Les illusions du grand amour se sont transformées en un véritable désert affectif.
Les propos romantiques ont cédé la place aux remarques acrimonieuses, aux reproches et autres frustrations conjugales.
Ephraïm Kishon, auteur israélien, revisite l’œuvre shakespearienne par le rire et l’ironie.
Tirades connues, envolées lyriques et sentencieux extraits sont détournés par l’humour bon enfant et l’adaptation très zwanze que signe Jacques De Decker.
Les références à notre belgitude, tel un appel à obole à Ste Fatima patronne de la Culture, truffent le discours gouailleur en diable de la pièce.
Le spectacle n’a d’autre prétention que d’amuser et il y réussit bien.
Si certaines shakespeariennes citations et les quelques maximes qui émaillent l’ensemble peuvent en agacer certains, leur universalité et leur à propos ne manqueront pas de surprendre agréablement.
Marion et Léonil McCormick endossent plusieurs rôles et costumes et se positionnent comme protagonistes et comme acteurs. Il en résulte une joyeuse confusion entre jeu et réalité, ente action et apartés avec le public, le tout bourré de réflexions cocasses sur le sort et le statut des comédiens.
L’irruption dans cette famille haute en couleur (et aux chamailleries tumultueuses) de Shakespeare (Benoît Strulus)ne va guère arranger la situation.
Au contraire, cela risque de la pimenter.
Le tragédien anglais, à l’accent pointu, n’est guère heureux de voir ses héros encore en vie. Il leur reproche amèrement d’avoir transformé l’amour immortel en haine. Il va tout faire pour en revenir à son récit originel.
Sa présence perturbante sera donc une occasion supplémentaire de querelles et autres scènes truculentes qui sont le lot quotidien de Juliette et Roméo depuis 30 ans.
Un spectacle de pure détente, de rires et de musique, mené tambour battant par deux véritables complices : Marion et Léonil McCormick.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 27-11-2008
La Valette
Présentation du spectacle :
Résumé :
Le plus célèbre humoriste israélien nous fait rire de ses déboires qui ressemblent étrangement aux nôtres. Imaginez… Ils ne sont pas morts, se sont mariés et, au fil des années, ont lentement pris des rides et des habitudes, des manies pour tout dire... Ces deux symboles vivants de l'amour ont pris du poids et passent leur temps à s'expédier des remarques acerbes, acérées, en délayant leur amour si parfait dans l'eau de vaisselle du quotidien.
L'affiche :
De Ephraïm Kishon - Adaptation : Jacques De Decker