Certains se souviennent de Reservoir Dogs, film de Quentin Tarantino, sorti en 1992.
Les chiens masculins deviennent des féminines chattes.
L’inspiration pour Valérie Lemaître (et toute l’équipe de la Compagnie Jean Bertoche), à l’origine de cette création en 1999 est un spectacle où les femmes peuvent aussi se la jouer flingues et pègre.
Parodie du titre du film de Tarantino, Kontainer Kats se base également sur une certaine actualité de l’époque, des femmes braqueuses qui avaient dévalisé des banques pendant près de dix ans.
Le résultat, un univers décalé, peuplé de hors-la-loi fragiles, blessées ou endurcies par les coups que la vie n’a pas manqué de leur asséner.
Attachantes, drolatiques, elles dévoilent sans pudeur une existence aux antipodes de la normalité.
Dans un langage d’aujourd’hui, volontairement bref voir cru, le spectacle se veut d’abord une comédie grinçante, sur la femme et ses ressources insoupçonnées.
Il révèle son courage trop souvent ignoré ou passé sous silence, mais aussi son immense besoin de vive et d’exister tout simplement.
Présenté sous forme d’un huis clos tendu, d’un règlement de compte ou plutôt de tentatives de prendre le pouvoir sur le groupe et de se garder le butin pour soi, Kontainer Kats développe le thème de l’enfermement et ses conséquences.
Il libère, il déchire, il est fait de petites approches et de grands affrontements, d’alliances temporaires et de rejets définitifs.
Angel, J Peel, Stick, Hart et leur victime (Laurence Briand, Maya Boelpaepe, Florence Roux, Isabelle Nasello et Helene Catsaras) n’hésitent devant rien pour transmettre leur rage, leur peur et leur mal-être.
Il leur manque peut-être simplement un petit peu plus de fluidité (nous n’en sommes qu’au début des représentations) pour nous faire apprécier tout le sel de ces dialogues décalés et bourrés de jeux de mots.
Muriel Hublet |