Une petite chambre, un lit aux draps blancs, quelques livres, un bocal à poissons, une fenêtre ouverte sont les éléments scénographiques volontairement très dépouillés d’un spectacle qui laisse toute la place au jeu d’acteurs.
Lucie, encore blessée par la disparition de son père, vit une existence protégée et bien ordonnée.
Mais la découverte de sa mère inanimée va accélérer sa prise de conscience sur le monde qui l’entoure.
Pour ne pas affronter seule la solitude et l’angoisse d’une nuit à veiller l’inconsciente, elle appelle à la rescousse son ami Simon.
Un peu plus mature, le jeune rebelle a survécu au divorce de ses parents en prenant une certaine indépendance d’esprit et de comportement.
En quelques heures, ensemble, ils vont repousser les frontières de leur existence et vont franchir le fossé entre l’enfance et l’adolescence.
La fraîcheur innocente de leurs douze ans va fondre dans la moiteur d’une nuit d’été qui les marquera à jamais.
Sur un ton tout à la fois léger et drôlement pertinent, emprisonnés dans la pudeur de leurs sentiments, ils vont parler de l’essence même de la vie.
L'amour, la mort, la sexualité, le deuil, la solitude, le mensonge et l'absurdité de l'existence sont évoqués d'une manière délicieusement décalée, piquetée d’humour et de poésie.
Diastème nous propose un texte subtil et tendre qui ramène à nos émotions d'antan.
Il nous fait voir les faits et gestes de Simon et Lucie, mais aussi partager l’intimité de leurs pensées.
Au travers de leurs mots, une sorte de connivence avec le public s'installe.
Cette dernière nous renvoie habilement à notre propre confusion des sentiments, à nos candides espoirs, à nos révoltes de jadis, à notre refus des compromissions, à notre besoin d’être aimé et à la valse des questions existentielles qui nous taraudaient et resurgissent comme par magie.
Touchant et attendrissant, ce retour en arrière nous replace face à nos anciens combats contre la connerie et l’injustice.
Avons-nous changé ?
Le monde a-t-il progressé depuis nos jeunes années?
Séduisant spectacle, La nuit du thermomètre doit également beaucoup à la mise en scène discrète et efficace de Sebastian Moradiellos.
Intelligemment, il met en avant l’émotion, la suggestion et le texte de Diasthème.
Kim Leleux et Simon Wauters réussissent parfaitement à effacer leur âge, ils sont véritablement deux gamins de douze ans.
Lumineuse, elle incarne à merveille la pureté éthérée et l’enfantine naïveté d’une fillette qui éprouve ses premiers émois amoureux.
Complexe et tourmenté, il laisse magnifiquement transparaître la fragilité fébrile d’un amoureux et la violente lucidité d’un ado rebelle.
Finement interprété, ce texte profond et subtil, d’une nonantaine de minutes, en délicat équilibre entre bain de jouvence et prise de conscience, séduira bien des cœurs.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 16-04-2010
Théâtre Le Public
Présentation du spectacle :
Résumé :
C’est la nuit. Une de ces nuits où il fait trop chaud pour dormir. Quand Lucie se relève pour aller boire, elle découvre sa mère inanimée sur le canapé. Quand on est une jeune fille et qu’on découvre une mère inanimée, on est censée faire quoi ? On lui retire ses chaussures, on appelle le docteur. Et puis ? On appelle du renfort, par exemple son meilleur ami, Simon, qui lui, ne dort jamais…