Notre critique de Gibier de potence - L'affaire de la rue de Lourcine
Michel Dezoteux remet le couvert.
Après L’avare et Le Revizor, il revisite Georges Feydeau et Eugène Labiche.
Il explore le vaudeville avec grand respect, mais surtout avec une jolie effronterie cocasse qui accentue le comique des propos des auteurs en distillant à l’ensemble sa vision joyeusement déjantée.
Rien de choquant ou de dénaturé, simplement un trait joliment souligné qui évite l’écueil du forcé, mais qui amplifie à merveille l’humour des deux écrivains et offre sa régalade de rires.
Au programme, deux courtes pièces qui montent en épingle le quiproquo.
Dans les deux situations, une information du journal va entraîner confusion et une kyrielle de malentendus.
Feydeau et Labiche n’ont décidément pas pris une ride.
Leurs propos soigneusement écrits demeurent d’actualité.
Si leur satire de la bourgeoisie de l’époque est désormais moins percutante, la critique d’une société soucieuse des apparences et hyper influençable par le plus petit encart dans les quotidiens ou le moindre hoax reste très pertinente.
La mise en scène de Michel Dezoteux et le décor très modulable de Marcos Viñals Bassols créent un joli écrin à ces deux représentations qui se suivent quasi sans délai et nous emportent dans un tourbillon de folie rieuse.
Dans les rôles phares, nous retrouvons Alexandre Trocki (Lemercier et Lenglumé) et Karim Barras (Taupinier et Mistingue), le duo complice du Révizor, qui mènent tambour battant une action survitaminée.
Avec quelques tableaux épiques comme l’identification du tueur dans Gibier de potence (1883) ou la course poursuite dans L’Affaire de la rue de Lourcine(1857), les deux compères s’en donnent à cœur joie dans des numéros millimétrés qui les font paraître pitres, mais laissent à merveille transparaître les stigmatisations de l’idiotie voulue par Feydeau et Labiche.
Ils sont entourés de Fanny Marcq (langoureuse Pépita Lamballe et foldingue Mme Lenglumé), Erwin Grünspan (savoureux mari coincé et cocu dans le rôle de Plumard), Frédéric Dezoteux (pittoresque domestique) et Blaise Ludik (le policier et le débonnaire cousin Potard).
Franche rigolade et portes qui claquent sont au rendez-vous d’un spectacle amusant, un tantinet débridé, qui revisite et remet au goût du jour deux auteurs qu’on aimerait revoir plus souvent sur nos grandes scènes, alors que pour l’instant ils semblent n’intéresser que les théâtres (dits) amateurs.
Heureusement que le public lui ne s’y trompe pas et continue à les apprécier où qu’ils soient joués.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 23-12-2009
Théâtre Varia
Présentation du spectacle :
Résumé :
Au coeur de ces deux vaudevilles en un acte, une histoire de meurtre relatée dans un journal
et leur lecture qui provoque une méprise et voilà la machine lançée avec son lot de
quiproquos, de confusion dʼidentité et autres, des imbroglios, un peu de
libidineux....