Comédie de boulevard le titre "Le Squat" surprend, dérange ou interloque les spectateurs.
Cette première pièce (également Prix de la Solidarité et de l’Antiracisme des O.N.G. de l’ONU) de Jean-Marie Chevret, écrite en 2000, évoque sur le ton de l’humour un sujet bien d’actualité, les sans-papiers et les SDF.
Pas vraiment du style portes qui claquent, Le Squat se révèle être un conflit générationnel, sur fond de différence sociale.
D’un côté, deux vieilles dames, rendues aigries par l’ennui et la solitude, de l’autre des jeunes gens qui ne demandent qu’une chance, qu’un coup de pouce pour s’en sortir.
Le recevront-ils ?
Rien n’est moins évident…
Une des deux sœurs, Maryvonne Dupré (Jacqueline Preseau), est veuve de colonel et plutôt à cheval sur les principes, la seconde, bonne comme le pain, va-t-elle se laisser mener par le bout du nez ?
Suite sur les planches.
La mise en scène de Jean-Luc Duray balaie certaines des conventions.
Si le tout se déroule toujours bien à Paris, la concierge de l’immeuble change de nationalité et devient bruxelloise (une cocasse Chantal Pirotte).
De même, Jeanne Dupré, souvent présentée comme discrète voir effacée, prend ici plus de relief. Renée Fonck, qui signe son retour au Théâtre de la Flûte Enchantée, reçoit ainsi l’occasion de laisser éclater sa fougue et sa facétie.
Emmanuelle Roggemans nous revient aussi après un bon moment d’absence, mais elle n’a rien perdu de son talent, elle incarne une pétulante Lituanienne avec l’accent ad hoc.
En ce troisième soir de représentation, on sent de-ci de-là quelques petites hésitations ou flottements qui freinent un tantinet l’effet de certaines scènes.
Mais gageons que cela se réglera très vite avec un peu de rodage, surtout si l’on sait que Marvin Mariano signe ici sa première prestation et doit encore s’habituer à la chaleur des feux de la rampe.
Il n’y a donc aucune raison de bouder ce squat qui bouscule allégrement et joyeusement nos préjugés.
Muriel Hublet |