Avec Autant en emporte l'argent, la comédie de Ron Hutchinson nous entraîne dans les dessous pas chics d’Hollywood.
Les mirages américains nous en ont fait miroiter la magie et l’opulence, ici nous découvrons un pan de son univers impitoyable.
Il retrace la genèse d'Autant en emporte le vent.
Le producteur David O. Selznick (Jean-Marie Pétiniot) est acculé.
Il a tout misé sur l’adaptation cinématographique du roman de Margaret Mitchell.
Il est intimement persuadé que l’énorme succès littéraire aura le même retentissement au cinéma.
Il a déjà, en esprit, imaginé son film.
Résultat, après à peine quelques jours de tournage, il a viré scénario et réalisateur.
Comédiens et techniciens sont mis en stand-by, le temps pour Selznick d’obtenir enfin ce qu’il désire, l’ébauche d’un chef-d'œuvre.
Il convoque donc à grands frais Ben Hecht (Jean-Claude Frison) plume bien connue des cinéphiles (Scarface) et arrache Victor Fleming (Michel Poncelet) à sa réalisation de Le Magicien d'Oz avec Judy Garland.
Il s’enferme dans son bureau avec ses deux acolytes pour 5 jours de travail de forçat… tout réécrire.
Histoire vraie, cet enfermement à trois pour repenser le scénario Autant en emporte le vent met en présence trois hommes que tout oppose.
David O. Selznick est tout à la fois désespéré et passionné.
Il tente de convaincre les deux septiques du potentiel du texte de Margaret Mitchell tout en portant tout le poids financier du film, celui des échecs de son père et le besoin irrépressible de paraître, d’être un américain malgré ses origines juives.
Pour corser encore la tâche titanesque, Ben Hecht n’a jamais lu plus d’une page du roman, comment donc en imaginer l’adaptation ?
En vrai despote (éclairé), il va gaver ce dernier et Victor Fleming de cacahuètes, bananes et vitamines, river l’un à sa machine à écrire et faire de l’autre un acteur et comparse de jeu.
Au fil du spectacle, le bureau bien rangé et la tenue des trois protagonistes sont franchement être mis à mal.
En pans de chemise, ébouriffés, les yeux bouffis de sommeil, les nerfs à fleur de peau, les trois hommes vont non seulement concevoir un scénario mais aussi s’empoigner sur leurs visions de la vie.
Jean-Claude Idée (adaptateur et metteur en scène) nous propose ici l’extravagance d’une comédie hilarante.
Il accentue le trait volontairement et nous offre des images rieuses, détonantes ou totalement loufoques.
Toutefois, le sérieux n’est jamais loin quand on parle argent, pouvoir, guerre, esclavage ou racisme.
En ce soir de première, si l’on sent encore le trio masculin un peu guindé, on sait de quoi sont capables les trois artistes et donc on peut gager sans hésitations que très vite ils vont se lâcher et nous offrir de pleines pintes de rires.
Le Théâtre du Parc nous propose avec Autant en emporte l'argent un spectacle pétillant comme le champagne, ingrédient par excellence des fêtes de fin d’année.
On en savoure les bulles d’humour, l’hommage au cinéma et on en ressort avec l’envie de se plonger dans l’histoire de cette création mythique ou tout au moins juste pour le plaisir de se la revisionner pour la voir différemment grâce à l’éclairage proposé par Jean-Claude Idée et ses comédiens.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 18-11-2010
Théâtre Royal du Parc
Présentation du spectacle :
Résumé :
David O. Selznick fut, à bien des égards, un homme extraordinaire, l’une des légendes d’ Hollywood.
La manière dont il a dirigé la production et organisé le tournage d’Autant en emporte le vent, est mémorable.
L'affiche :
Comédie de Ron Hutchinson
Avec :
Fleming - Michel Poncelet
La secrétaire - Patricia Houyoux
Ben Hecht - Jean-Claude Frison
Selznick - Jean-Marie Pétiniot