Brel l’éternel
Chanteur engagé et poète, Jacques Brel a chanté l’amour et ses déboires, mais a aussi éructé ses rages et révoltes sur les mesquineries de son époque.
Mais rien n’a changé.
Le monde est toujours peuplé de Bourgeois et de Bigotes, de Singes et autre Caporal Casse Pompom.
Les chansons de Brel sont devenues intemporelles.
Plus de trente ans après sa mort, l’artiste continue à marquer les cœurs et les esprits.
Les adolescents d’aujourd’hui y découvrent encore le reflet de leurs rébellions et y reconnaissent leur propre mal-être.
Il ne reste pourtant dans la mémoire collective que quelques vidéos un peu fanées et les nombreux Cd représentatifs d’une discographie très riche.
Ceux qui ont vu Brel sur scène se souviennent de ses spectacles généreux, de son énergie incroyable, de ses danses et de ses mimiques.
Ceux qui ont visionné (ou qui vont le faire) certaines précieuses images d’archives perçoivent la fougue contagieuse de l’artiste. Souvent donc les retrouvailles avec Brel se font dans l’intimité d’un salon et dans une solitude sereine propre à capter la magie des mots et la force des colères exprimées.
Aujourd'hui encore, Brel remplit les salles.
Filip Jordens, chanteur et comédien flamand, fort d’un énorme succès dans son Vaderland et en Hollande, nous arrive sur les scènes francophones pour nous proposer son spectacle : Hommage à Brel.
Gardez-vous de crier au plagiat, à l’opportunisme, à la parodie ou de fustiger une quelconque récupération médiatico-financière avant d’avoir assisté à une représentation.
Grâce à ce spectacle respectueux et fidèle, Filip Jordens vous offre une autre possibilité de rencontre et de découverte. Sans jamais paraître pour un imitateur ; sans jamais n’être qu’un pâle copieur, il réussit à nous faire ressentir les rages et les passions de Brel avec la même intensité.
S’il a quelques traits du Grand Jacques, il n’est pas son sosie.
S’il en a les intonations, si sa voix en est proche, il y a quelques différences.
Et pourtant… le public subjugué se laisse emporter par l’inexplicable, mais perceptible magie… Ce n’est pas Brel, mais c’est Brel.
Exubérant, tendre, émouvant, Filip Jordens revisite respectueusement les chansons de Brel.
Accompagné en live par un pianiste, un violoncelliste et un accordéoniste, il ne se limite pas aux grands standards, il propose une (re)découverte de certains textes oubliés ou carrément ignorés comme Les fenêtres ou Les désespérés.
Si certains regrettent de ne pas avoir entendu Rosa, Ces gens-là ou Bruxelles, le public quitte la salle unanimement ému, bouleversé, ravi ou subjugué.
Ce n’est pas le Grand Jacques, mais c’est Brel que l’on vient de retrouver, de partager entre rires et émotions, entre tendresse et révoltes.
Rarement le mot Hommage n’aura tant mérité ses lettres de noblesse qu’avec Filip Jordens.
Muriel Hublet |