A consommer … sans retenue
Passation de pouvoir à Sainte Jacqueline de Compostelle.
Célestine Bernstein l’ancienne préfète est gentiment mise à la retraite.
Désabusée, mais lucide, elle crie son désespoir et sa révolte avant de s’éclipser.
Cri poignant, cette diatribe émouvante lance les thèmes du spectacle : l’enseignement à deux vitesses, les dérives du décret inscriptions, la pléthore de directives idiotes qui ne sont souvent qu’emplâtres poisseux déposés sur une jambe de bois mité, démotivation du corps enseignant, décrépitude des locaux, ghettos…
Fortement applaudi, ce monologue pudique et percutant sonne l’arrivée d’Arlette Davidson et de ses méthodes pédagogiques qui risquent bien de tout chambouler.
Sandra Zidani nous propose donc de vivre une année scolaire riche et haute en couleur.
Elle se glisse dans une galerie de personnages dans lesquels inévitablement le spectateur ne manquera pas de retrouver les traits saillants des maîtres et autres pédagogues qui ont émaillé sa propre scolarité.
Vêtements, perruques, accessoires et mimiques tout est soigneusement étudié.
De Madame Canari qui transforme le public en une chorale interprétant Enrico Macias à la professeure de religion aux prises avec Sodome et Gomorrhe et la pédophilie qui fait entonner à sa classe La pilule d’or (Sœur Sourire), de l’enseignante flamande qui tente de convaincre, au son de Will Tura (Mooi, 't Leven is Mooi), ses élèves réfractaires à l’immense importance de connaître la langue de Vondel à la prof de dessin qui considère ses étudiants comme un troupeau de bestioles indisciplinées, chaque saynète est, au-delà de l’humour, du volet musical et de la parodie, une jolie série de coups de griffe solidement assénés tant à nos dirigeants qu’à nos comportements, préjugés et contradictions.
Zidani n’est pas (encore ?) magicienne.
Une série de vidéos viennent s’intercaler entre les sketches, le temps pour l’artiste de changer et de tenue et qui sait de souffler cinq secondes.
Cette alternance, bien nécessaire, fait parfois retomber l’ambiance quelques instants, mais l’énergie et la générosité contagieuse de l’humoriste ont vite fait de relancer rires et larmes.
S’il ne faut pas avoir vuVa t-en savoir pour apprécier La rentrée d’Arlette, il serait dommage, si l’occasion se présente, de ne pas vous offrir ce rattrapage culturel indispensable.
Pour cette saison 2011-2012, La rentrée d’Arlette n’est en tout cas pas à placer parmi les options, mais bien dans les choix principaux de votre programme théâtral.
Discrimination, harcèlement, dépression, pression syndicale, la Communauté et les communautés, le pape, les sujets se suivent sans temps morts et démontrent la précision et le travail minutieux de toute une équipe.
Côté humour, et au vu des rires qui se déchaînent, l’efficacité piquante (et tendre) du duo d’auteurs Zidani-Chaboud ne nécessite plus la moindre démonstration, côté scène le talent de Sandra Zidani explose une nouvelle fois et confirme un fameux charisme et une capacité à séduire largement son public, jusqu’à l’entraîner dans une Chenille déjantée dans les travées de la salle du Magic Land Théâtre. La rentrée d’Arlette n’est ni un devoir, ni un indigeste pensum, mais une joyeuse récréation qui comme toujours (malgré ses deux heures) se termine toujours trop tôt.
A consommer … sans retenue
Muriel Hublet
Spectacle vu le 24-06-2011
Magic Land Théâtre
Présentation du spectacle :
Résumé :
Tout comme dans « Va t’en savoir », « La Rentrée d’Arlette », aborde le délicat sujet de l’enseignement.
« Va t’en savoir » se terminait par le départ de Célestine Bernstein, directrice du collège Ste Jacqueline de Compostelle. « La Rentrée d’Arlette » commence donc tout naturellement par l’arrivée de la nouvelle préfète : Arlette Davidson !
L'affiche :
Texte et mise en scène : Zidani et Patrick Chaboud