Face à une peinture, à une œuvre d’art, quelle est notre réaction ?
Quels sont les sentiments qui nous étreignent, les perceptions qui nous atteignent ou nous submergent ?
Et derrière celles-ci quel est le (ou les messages) de son créateur ?
C’est ce brutal Que voyez-vous ? que Mark Rothko assène en guise de bonjour et de bienvenue à son nouvel assistant.
John Logan, l’auteur de Red, s’est basé sur la biographie du célèbre peintre pour créer avec beaucoup de force, de finesse et de conviction un plaidoyer sur l’Art.
Dans de somptueuses joutes oratoires, le maître et l’élève, l’ancien et le jeune, le vieux briscard presque has been et l’aspirant s’affrontent.
Mais bien plus que des conceptions divergentes, c’est une véritable leçon de vie qui s’esquisse derrière les questions qui taraudent l’Artiste.
Quel courage ou quelle folie faut-il à un homme pour tenter de vivre de son art porteur d’un message, défendeur d’une idée ?
Comment vivre et subvenir à ses besoins en tant qu’artiste ?
Faut-il tout accepter pour de l’argent ?
Quelle est la place de celui-ci dans l’Art ?
Mécénat, crève-la-faim, mercantilisme, pièce maîtresse, œuvre capitale, genre majeur, suicide, les mots volent, les phrases font mouchent.
John Logan a ciselé un petit bijou de subtilité et de pertinence que Michel Kacenelenbogen met en scène dans le décor dépouillé d’un atelier (murs à nu, toiles disséminées, taches de couleurs…).
Offrir à Patrick Descamps et Itsik Elbaz de tels rôles est leur faire un superbe cadeau, mais surtout offrir au public l’interprétation magistrale de deux hommes torturés, qui dans un dialogue tendu laissent transparaître leur sensibilité exacerbée, leurs tortures secrètes.
Spectacle captivant, fort et prenant, servi par deux interprètes magnifiques, Red est le sang de la vie, le rouge de la violence, le rouge de la passion (celle de l’art et du théâtre).
Muriel Hublet
Spectacle vu le 01-02-2012
Théâtre Le Public
Présentation du spectacle :
Résumé :
Une plongée dans l’atelier et dans les réflexions d’un créateur génial et angoissé !