L'Auberge du Cheval Blanc est un rendez-vous couru à Charleroi.
Dans le foyer du Palais des Beaux-Arts, devant les affiches et photos anciennes affichées sur les murs plus d’un y va de son Cette année-là je l’ai vu.
Inutile donc de dire quelle est l’ampleur du défi que se sont lancé les organisateurs et quel public de connaisseurs ils vont devoir affronter.
Quand le rideau se lève et qu’apparaît un grand escalier blanc et un immense lustre (classieuse scénographie de François Schuiten), ceux qui gardaient en mémoire des paysages de montagnes, des décors style carton-pâte, des balcons fleuris sont décontenancés quelques instants.
De même, les costumes de Renata Gorka n’hésitent pas à délaisser les culottes de peau, les vestes en laine et les chapeaux de feutre pour introduire des tenues délicieusement kitch, voire carrément hollywoodiennes.
Et pourtant après quelques minutes, le public se laisse prendre au dynamisme, à l’humour et à l’inventivité distillés par Dominique Serron.
Elle bouscule quelque peu le désuet de l’opérette pour y insérer plus de jeu théâtral, plus vivant et plein de finesse que personne ne boudera in fine.
Ainsi, on savoure le côté haut en couleur du Napoléon Bistagne de Patrick Brüll sans pouvoir s’empêcher d’avoir le béguin pour Célestin (Fabian Finkels) et sa douce Clara (Anne-Isabelle Justens).
Une personnalité, des petites facettes craquantes ou tendres, une gestuelle attachante ou pleine d’humour ont été imaginées pour chaque personnage.
De même, chaque intervention des chœurs ne se résume pas à une simple apparition, mais est soigneusement chorégraphiée, scénarisée pour cadrer dans un ensemble, pour créer une ambiance.
Pas d’excès, pas le moindre faux-pas dans la mise en scène de Dominique Serron mais un travail précis au résultat soigné et élégant qui laisse augurer une belle renaissance de l’opérette dans une contemporanéité clairement assumée, et plébiscitée par les spectateurs.
Le grand chambardement annoncé se révèle être une révolution de velours qui respecte le classique populaire, lui rend toutes ses lettres de noblesse.
Mieux que la dépoussiérer, elle la redore d’une jolie dose de modernité.
Le seul petit point encore à travailler sera peut-être les voix qui doivent s’affiner ou s’affirmer, mais ne boudons pas notre plaisir et ne déplorons qu’une chose…
Que tant de travail et d’investissements ne soient limités qu’à six représentations seulement.
Croisons les doigts pour que d’autres lieux accueillent L'Auberge du Cheval Blanc.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 03-03-2012
Palais des Beaux-Arts
Présentation du spectacle :
Résumé :
A L’Auberge du cheval blanc, Léopold, maître d’hôtel qui n'a pas froid aux yeux, se
pâme d'un amour déclaré pour sa patronne Josepha, femme de caractère et
soucieuse des conventions. Sans retour ! d'autant plus que celle-ci est éprise de
Florès, un avocat parisien bien fait de sa personne. Lorsqu'arrive le marseillais
Bistagne, créateur de la combinaison textile qui se ferme par devant, et sa
charmante fille Sylvabelle, Léopold ne voit en eux que des clients de plus.
L'affiche :
Les interprètes sont : Josepha, la patronne du Cheval Blanc : Alexise Yerna
Léopold, son maître d’hôtel : François Langlois
Piccolo, apprenti-serveur : Julien Lemonnier
Maître Guy Florès, avocat parisien : Christophe Herrada
Sylvabelle, fille de Napoléon Bistagne : Natacha Kowalski
Napoléon Bistagne : Patrick Brüll
Célestin Cubisol : Fabian Finkels
Clara, fille du professeur Hinzelmann : Anne-Isabelle Justens
Le professeur Hinzelmann : David Macaluso
L’Empereur : Toni d'Antonio
Mise en scène : Dominique Serron
Direction musicale : Jean-Pierre Haeck
Direction du choeur : Antoni Sykopoulos
Scénographie : François Schuiten