Combien de fois depuis que je suis enfant ai-je entendu, lu, regardé une version de ce conte de Charles Dickens où l’avaricieux Ebenezer Scrooge est placé devant ses souffrances passées, celles qu’il provoque aujourd’hui et son avenir bien peu riant?
Depuis 1843, Noël après Noël, l’histoire nous revient et pourtant le talent narratif et descriptif de Dickens ne cesse de séduire.
La magie des mots, la précision des descriptions, leur réalisme font que l’on sent la peau de l’oie des Cratchit fondre sur notre langue, que l’on perçoit les cris des vendeurs de châtaignes ou que l’on ressent le froid blizzard des nuits londoniennes nous glacer le bout du nez.
Une fois encore, au Théâtre de La Valette, le charme s’installe, le plancher craque et l’on croirait entendre le bruit des bûches dans l’âtre, le vent souffle et l’on entrevoit la silhouette fantomatique de Marley.
Tout à la fois narrateur et interprète, Gérard Duquet se glisse avec aisance entre les sombres vérités et les moments malicieux, grommelant comme Scroogge, prenant la voix enfantine du frêle Tiny Tim.
Tour à tour Grinch pathétique ou enfin soulagé de ses tourments, il semble vivre l’histoire, on le voit frissonner quand surgit un fantôme, ses yeux s’agrandissent en pénétrant dans les couloirs lugubres, ses narines frémissent en humant le pudding.
Petits ou grands, ne tardez pas à redécouvrir les joies du conte à l’état pur, juste le plaisir des mots entre vous et le conteur, comme jadis, le soir, à la veillée.
À savourer et à partager sans nostalgie.
Muriel Hublet |