Noirs, glauques, glaçants, ironiques, caustiques, les écrits de Pierre Desproges n’ont pas pris une ride.
S’il est décédé en 1988, ses observations et autres bons mots restent d’une actualité lucide et cruelle.
Le temps passe, mais l’homme, dans son ordinaire étroit, évolue peu.
L’acteur Dominique Rongvaux, sous la houlette du metteur en scène Fabrice Gardin, s’empare des textes tout en gardant la distance flegmatique, la froide apparence qui renforcent le côté féroce du propos.
Son détachement, tout apparent, avec des yeux de gamin malicieux, rend à Desproges toutes ses lettres de noblesse (et permettra à ceux qui ne le connaissaient pas de combler cette lacune culturelle).
Se moquer de tout, de la maladie comme de la mort, de la vie, de sa fragilité et de ses limites.
Parler étroitesse d’esprit, racisme et désespérance.
Laisser l’humain et ses faiblesses, la tendresse transparaître comme autant de fêlures pour mieux émouvoir et faire rire… intelligemment.
Voilà décrit en quelques mots bien réducteurs Vivons heureux en attendant la mort.
Un travail d’orfèvre, un rendez-vous gourmand, sorte de retrouvailles ou découverte, avec un humour corrosif, pénétrant et pudique.
Muriel Hublet |