Quelques phrases abruptes, mais drôlement sarcastiques, écrites sur un écran pour vous présenter spectacle et comédienne, voilà comment débute Good Mourning!.
Vous êtes prévenus : pas de décor, pas de costume, pas de déplacements inutiles, pas d’effets spéciaux.
Est-ce déjà la crise théâtrale ?
Non pas vraiment…
Loin de là même.
Ce petit préambule caustique donne le ton à une heure de représentation décidément hors normes.
Pas un mot de français ne sera prononcé, que de l’anglais (sous-titré dans deux de nos langues nationales — français et flamand) pour mieux se distancier des sentiments, pour exprimer l’essentiel sans s’empêtrer dans des circonvolutions superflues.
Seule et après ?
Comment continuer ?
Comment surmonter la dépression, l’isolement, accepter, rester calme, ne rien forcer ?
Comment passer ce cap Horn ?
Comment résister à cette tempête ?
Florence Minder en se basant sur la théorie d’Élisabeth KublerRoss et des différents stades du deuil, nous raconte son parcours, sa quête éperdue de réponses.
Tombée au fond du puits, noyée dans l’alcool, la solitude, les larmes, enfermée dans la maison invisible, c’est ce cheminement lent, pénible, ardu qu’elle nous décrit dans un seul en scène poignant et captivant.
Mordants, ironiques, les propos font mouche, interpellent étreignent, plus sûrement que de longues harangues. Le ton cru, moqueur, abrupt d’une confession sans voile ni pudeur fait le reste, suscite le rire salvateur qui relâche la pression, évacue le trop-plein d’émotion.
Pas de déballage, pas de pathos, probablement une solide dose de vécu, mais surtout un parler-vrai, franc, qui prend aux tripes, provoque un doucereux et amer sourire et fait applaudir des deux mains la prestation de Florence Minder.
Muriel Hublet |