Sauter du coq à l’âne …, rarement l’expression n’a acquis de telles lettres de noblesse.
Arnaud Tsamere déboule en quatrième vitesse, décolle sur un dos d’âne, s’envole en quelques loopings, pour retomber sur ses pattes, poursuit en musardant pour repartir dans un tête-à-queue fébrile.
Il s’amuse à semer la confusion, à ballader le spectateur dans un comique de répétition, d’insistance.
Chaque tour de vis apporte sa précision, son nouveau jeu de mots, sa répartie croustillante, son détail piquant, sa mimique drolatique.
Dans un spectacle soigneusement écrit (en collaboration avec François Rollin et Arnaud Joyet) et parfaitement lié (chaque sketch s’incrémente dans un récit complexe, chose suffisamment rare pour être soulignée), il se glisse dans la peau d’un professeur franchouillard, Patrice Valenton, propulsé sur le devant de la scène, pour respecter la promesse faite à son meilleur ami sur son lit de mort.
On ne s’improvise pas humoriste.
Maladroit, attachant, pitoyable, râleur, attendrissant, à la limite du ridicule, Patrice soliloque paniqué ou apostrophe le public agacé par sa froideur ou sa pseudo-indifférence.
Il nous a concocté un menu copieux et varié, un vrai bric-à-brac reprenant ventriloquie, ombres chinoises, chanson, vaudeville, mime, etc.
De volte-face en retournement de veste, Arnaud Tsamere joue délicieusement la spontanéité maladroite (mais fameusement maîtrisée).
Sa gestuelle, son maintien, sa souplesse élastique prouvent une solide aisance.
S’il manque un chouia de ‘naturel’ dans ses apostrophes avec le public (fil rouge du spectacle oblige ?) comme avec le Julien du premier rang et son appel à un peu d’humanité, on perçoit la patte de l’improvisateur et surtout celle d’un excellent interprète capable d’endosser près d’une trentaine de rôles (paroles, gestes et mimiques) sans erreur et avec une cocasserie inénarrable.
Boule d’énergie à l’état pur, Arnaud Tsamere jongle avec l’absurde et enchaîne des jeux de mots d’une finesse telle que deux visions du one-man-show ne suffiraient probablement pas à tous les déceler.
Doté d’un fameux talent de comédien, d’un sens de la répartie acquis sur les patinoires des ligues d’impro, il explose littéralement, déborde presque du canevas Patrice Valenton.
Chose promise est une solide promesse, un spectaculaire avant-goût, de quelque chose de plus personnel, de plus vif, de plus déjanté, de plus à fond les manettes encore, je le pressens.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 24-04-2013
Cirque Royal
Présentation du spectacle :
Résumé :
Patrice Valenton, modeste professeur d'économie, monte sur scène... pour honorer une promesse faite solennellement à un ami très bourré et logiquement décédé dans un stupide accident de voiture...