Etre normal… tout simplement
Après la survivance et le stress post-traumatique dans Motortown, Simon Stephens aborde la violence de l’adolescence.
Violence est un mot à tiroirs, aux multiples connotations : l’agression verbale ou physique, la maltraitance, l’intensité des sentiments, la force d’un phénomène naturel.
Adolescence provoque tout autant d’impressions, de perceptions : révolte, puberté, changements, maturité, grandir, passage, transition, premières amours ou premières déceptions.
L’association de ces deux mots, la violence de l’adolescence, nous emmène dans un collège anglais.
Nous y rencontrons 7 jeunes, tous différents, tous emblématiques d’un état, d’un mal-être, d’une souffrance.
Tous cherchent une forme d’intégration, d’appartenance, de reconnaissance… une place, un but, un rôle.
Le souffre-douleur et ses ripostes verbales (Arthur Oudar), la première de classe (Flavia Papadaniel) maltraitée par son petit ami et sévèrement drillée par sa famille, la petite souris grise (Fanny Donckels), le dur au cœur tendre (Timothy Fildes), la petite terreur (Grigory Collomb) excité et tyrannique, la petite nouvelle en recherche de copains (Olivia Harkay), le BCBG affabulateur et incapable de tisser des liens d’amitié (Jérémie Petrus) sont autant de personnages volontairement typés, mais représentatifs d’une faune scolaire classique, tout comme, de manière plus générale, des comportements en société.
Le plateau, nu ou presque, ne contient que quelques tables et chaises.
Classe, cafétéria, salle de repos, notre imagination fera le reste pour suivre ces bouillants jeunes gens.
La mise en scène d’Olivier Coyette, dynamique en diable, leur permet de laisser jaillir explosions et déchaînements.
Jusqu’où peuvent-ils aller ? Ont-ils des limites ? Savent-ils se maîtriser ?
Comment résistent-ils au stress, aux performances exigées et sans cesse plus nombreuses ?
A l’heure où les médias nous abreuvent de drames, de tueries, de fureurs et autres rébellions, sanglantes ou non, Punk Rock interpelle les ainés, les parents, les décideurs politiques.
Sommes-nous prêts à faire face, à aider, à soutenir, à offrir des buts et un avenir à la jeunesse, à notre jeunesse.
Une question cruciale, intelligemment posée, à travers un spectacle décoiffant, mené par un époustouflant Jérémie Petrus et ses camarades.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 21-01-2014
Théâtre de Poche
Présentation du spectacle :
Résumé :
Lilly arrive dans sa nouvelle école et fait la connaissance de William qui pose des questions déstabilisantes... Elle rencontre aussi Nicholas, qui fait de la muscu, Bennett et Cissy, couple un peu improbable, Tanya, en surpoids, et Chadwick, passionné d'astrophysique. Tout ce petit monde va se côtoyer jusqu'à la préparation des examens, jusqu'à ce que... le drame éclate.
L'affiche :
De : Simon Stephens
Avec : Grigory Collomb, Fanny Donckels, Timothy Fildes, Olivia Harkay, Arthur Oudar, Violette Pallaro, Flavia Papadaniel, Jérémie Petrus
Mise en scène de Olivier Coyette
Traduction Dominique Hollier et Adélaïde Pralon
Les prochaines représentations :
6
L'avis de Miche
Un spectacle qui nous parle des jeunes et du dérapage de certains . C'est fort , c'est dur , c'est engagé . Une belle interprétation et un mise en scène judicieuse . Un bon moment passé au Poche .