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Notre critique de L.E.A.R.

L.E.A.R.Antoine Laubin s’empare du Roi Lear d’une façon ébouriffante et résolument moderne.
Pour décor (signé Stéphane Arcas) un immense canapé, une table de salon garnie pour l’apéritif et un gigantesque sens unique comme peinture murale, pour texte, les mots de Shakespeare revisités par l’écriture très contemporaine de Thomas Depryck, pour costumes des tenues de ville, que reste-t-il donc du chef-d'œuvre bien connu ?
Tout et rien…
L.E.A.R. a pris un solide coup de modernité et reste Lear.
Ainsi, il cède son trône devant une nuée de micros, assaillis par les questions des journalistes, sous le crépitement des flashs.
Ses cent compagnons sont des punks, bickers et autres blousons noirs.
Kent pour suivre le Roi se déguisera en travelo.
Cordélia, la fille bannie pour son honnêteté, correspond avec sa sœur Goneril par mail.
Toute la tragédie shakespearienne sera revue avec la même plume acide et ironique.
Pendant près d’une heure, on retrouve le drame classique dans une vision très tendance, vive et plaisante.
En plaçant l’action dans un confortable sofa, dans des tenues cossues, Antoine Laubin semble vouloir souligner notre net attrait pour le confort, pour la satisfaction de nos besoins primaires et en même temps la veulerie de certains de nos comportements.
L’opposition est très nettement perceptible entre les sentiments purs et les mœurs déviantes et frelatées.
En pleine révolte des deux sœurs contre les frasques de leur père, au milieu de leurs tentatives pour réduire ses prétentions, le récit s’accélère et est expédié, presque bâclé, en quelques minutes dans une grande destruction du décor.

Quelques minutes plus tard, la seconde partie de L.E.A.R. s’offre à nous dans une scénographie éclatée.
Chaque acteur a son propre siège (un des morceaux du divan), bien isolé des autres, un bunker trône dans un coin.
Micro à la main, dans une apparente improvisation, les comédiL.E.A.R.ens (généreux et complices de bout en bout) vont fouiller, décortiquer, extrapoler sur les thèmes de la pièce.
L’exercice devient donc plus hasardeux.  Il s’agit de transmettre des impressions, des messages, des valeurs et toutes ne passeront pas la rampe.  Certaines sont évidentes, pertinentes ou joliment mises en scène, et d’autres tombent totalement à plat.
L’expression Qui trop embrasse mal étreint prend ici tout son sens.
La première partie est savoureuse, rafraîchissante et séduisante, la seconde brouillonne, confuse, mal équilibrée, mais pleine de bonne volonté ternit, un peu, l’image d’ensemble du spectacle.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 08-11-2013
Théâtre Varia
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Présentation du spectacle :
Résumé :
L.E.A.R.titre>Dans un salon, six acteurs racontent à leur manière l’histoire du Roi Lear. Ils s’adressent à leurs invités d’un soir ; leur partition est rodée, leur présence conviviale, leur récit vif et enjoué. Après un long moment, le cadre dans lequel ils évoluent ne tient plus ; ils ne parviennent plus à s’accorder, ils ne parviennent plus à s’adresser aux invités et tout se casse la gueule…
L'affiche :
D’après Shakespeare
Texte, dramaturgie Thomas Depryck
Jeu Philippe Grand’henry, Julien Jaillot, Christophe Lambert, Marie Lecomte, Vincent Sornaga, Pierre Verplancken
Conception, texte, mise en scène Antoine Laubin

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