Notre critique de Contribution à la Théorie Générale
Une table, une chaise, un verre, une bouteille d’eau, une toile d’écran
Un décor spartiate, presque froid, mais nous assistons à une conférence, que demander de plus ?
Discrètement, à pas feutrés, survient le conférencier, un homme falot, vêtu d’un imperméable, de bottines usées, d’une écharpe et de mitaines. Il tient collé contre lui un attaché-case défraîchi.
Timidement, d’une voix douce et feutrée, il explique sa présence.
Assistant du célèbre professeur Otho Schnibel, il vient présenter le testament philosophique, ses ultimes recherches en astrophysique, dont des références au boson.
Méticuleux, il utilise un langage poétique, avec de pures envolées lyriques, pour parler de son mentor.
Son discours savant prend un tour presque hilarant.
Surtout que son technicien, Boris, en charge de l’accompagnement visuel et sonore n’est jamais synchrone, voire carrément inefficace.
Véritable piment du spectacle, ces apartés d’abord très modérés enflent progressivement pour se terminer dans une colère mémorable et voire un zeste de folie.
La mise en scène de Julien Roy s’attache à chaque détail : le ton, la gestuelle, la lecture réelle des pages de la conférence, etc.
Sous sa houlette, Franck Dacquin, seul en scène, nous offre un jeu varié et prenant.
Presque figé, en débutant, il module sa voix, s’exprime du regard, de petits ricanements et de claquements de doigts.
Au fur et à mesure, il s’agite, s’énerve, s’emporte et pour le plaisir du spectateur n’arrive plus à gérer son propos.
Contribution à la Théorie Générale est double.
Le texte de François Emmanuel est un petit régal d’humour. Le choix des mots, des tournures de phrases, des images employées, même pour décrire l’hermétique boson, est véritablement savoureux.
Le grain de sable qu’est Boris dans le déroulement de la conférence lui donne une dimension carrément cocasse.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 14-01-2014
Poème 2
Présentation du spectacle :
Résumé :
Si juste et lumineux, le retour de François Emmanuel au théâtre qui l’avait appelé en 1981 à interrompre ses études en médecine pour rejoindre Jerzy Grotowski et son Théâtre laboratoire du Wroclaw en Silésie. Contre le désert intérieur menaçant de toutes parts, quelle meilleure retraite alors que ce laboratoire où "l’athlète affectif" invoqué par Antonin Artaud s’entraînait et s’ouvrait au souffle d’un plus grand que soi à l’extrême de soi ? Quelle meilleure ascèse pour exercer sa faim dont La Nuit d’Obsidienne devait être l’Acte premier d’une Imitation à vivre dès lors de livre en livre et sur le théâtre, son laboratoire ?