Notre critique de La femme comme champ de bataille
La Femme comme champ de bataille ou la manière en violant la mère, l’épouse ou la fille, d’atteindre le soldat adverse dans ses tripes, dans son honneur et ce mieux qu’avec une volée de balles ou un tir de mortier.
C’est ce procédé très fréquent dans les guerres ethniques que l’auteur Matei Visniec dénonce avec force et beaucoup de pudeur.
Si son écriture décrit l’horreur abjecte, ses mots interpellent par leur profondeur et leur sensibilité touchante.
Au travers des souffrances de ses deux personnages, il nous plonge dans la tragédie bosniaque.
Depuis qu’elle a été violée, Dorra (Sophie Jaskulski) est murée dans un pesant mutisme, le ventre lourd d’un enfant imposé par ses tortionnaires.
Kate (Marie Denys), psychologue américaine, a vu l’atrocité des charniers.
Entre les deux femmes, traumatisées à vie, s’engage un dialogue bouleversant.
Marie Hossenlopp signe une mise en scène éclatée.
Si l’immense espace scénique de l'Atelier 210 est peu utilisé, elle conçoit de véritables petits écrins (grâce entre autres aux éclairages de Charlotte Plissard et Claudio Zeriali) aux aveux douloureux des deux comédiennes (au jeu très juste et sensible).
Idée intéressante et originale, elle confie à Florian Jubin, le volet sonore. Ce beat-boxeur (artiste qui produit des sons, musiques et rythmes avec sa bouche) crée en life une atmosphère tour à tour feutrée, glauque ou sensible.
Dommage que certaines scènes (celle du bar tout particulièrement) pèchent par leurs excès criards, privant en partie le spectateur de la portée des idées cruciales abordées pendant ces scènes ‘bruyantes’.
Cependant, il serait malheureux pour cette seule raison de bouder d’un spectacle émouvant et conscientisant.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 14-01-2015
Atelier 210
Présentation du spectacle :
Résumé :
Bosnie. L’une cherche à apaiser. L’autre refuse la vie et son enfant à venir. Toutes deux sont des rescapées de la folie des Hommes.