Une petite fille sur les genoux de sa grand-mère réclame une nouvelle histoire pour s’endormir… une qui ne se finit pas, une vraie, une spéciale.
La vieille dame décide de lui narrer sa propre vie en six chapitres : comment on quitte une famille, comme on se trompe de famille, comment on trouve une famille, comment on perd une famille, comment on se passe d’une famille et comment on fabrique une famille.
La vie, la mort, l’abandon…
Prendre conscience, grandir, vieillir, aimer…
Sur commande, Thomas Gunzig a conçu une fable contemporaine qui explore les différentes facettes des liens familiaux.
Inévitablement, la satire, une once de cruauté et l’humour sont au rendez-vous, mais la tendresse n’est jamais très loin dans un récit qui navigue entre réel et imaginaire.
Pour cette nouvelle mise en scène, Jean-Michel d’Hoop n’a rien figé.
Chacun des dix comédiens (Cyril Briant, Sébastien Chollet, Bruce Ellison, Pierre Jacqmin, Emmanuelle Mathieu, Héloïse Meire, Fabrice Rodriguez, Anne Romain, Coralie Vanderlinden et Isabelle Wéry) manipule les deux marionnettes, mais aussi se glisse dans tous les rôles, dans des personnages qui évoluent sans cesse entre le déjanté (renforcé par les costumes délicieusement kitchs de Natacha Belova) et la sensibilité à fleur de peau.
Le jeu des acteurs, par instants, saccadé (de petits pantins ?), accentue encore le côté burlesque et loufoque.
Après les splendides L’École des ventriloques et Trois Vieilles, Natacha Belova crée, à nouveau, des marionnettes très expressives qui insufflent au spectacle une touche d’émotion et une superbe étincelle de magie et de poésie.
Borgia, comédie contemporaine nous emporte dans un voyage onirique, volontairement flou et décousu, un peu à l’image de nos souvenirs si souvent magnifiés ou déformés par le temps.
Muriel Hublet |