Murs nus, éclairage brut, sol et lit grillagé… une cellule.
Enfermé en asile psychiatrique, soumis à des expertises pour juger de son mental, le Docteur Igniatievitch Kerjentsev, dans un long plaidoyer, affronte les experts.
Il a tué son ‘ami’ Alexeï Constantinovitch Savelov.
État de démence, coup de folie ou meurtre soigneusement prémédité ?
Dans un intense et subjuguant monologue, il va tenter de nous persuader, nous qui sommes ce fameux jury de sommités réunies pour statuer sur son cas.
Intelligent, très intelligent même, l’homme raconte les faits avec un détachement cruel, cynique et presque machiavélique.
Derrière l’engrenage subtil, la méthodique préparation, c’est un esprit rationnel qui semble parler, décrire ou préciser.
Toute la beauté et l’ambiguïté de ce superbe et volontairement complexe texte de Leonid Andreiev est le cheminement de La pensée de Kerjentsev.
Il se considère comme supérieur, doté d’un esprit plus que brillant et retors.
Pourtant au fil de ses explications jaillissent les souffrances d’un homme rejeté et solitaire.
Ses pensées s’emberlificotent et transparaît un cynique abject, un calculateur froid et manipulateur, un amoureux humilié, un écorché vif sensible à la plus infime réaction des autres, un mégalomane seul au monde, dans les méandres tortueux et torturés de ses réflexions.
Olivier Werner est Kerjentsev.
Purement et simplement magistral, l’acteur vit et fait vivre son personnage.
Tout n’est que finesse dans son jeu.
Le texte ardu et confus est maîtrisé de superbe façon. Chaque détail (jusqu’à la couleur des boutons de sa chemise), chaque inflexion de voix, chaque geste (un regard qui fuit, un tremblement involontaire, un cri de rage qui s’échappe) sont savamment travaillés pour semer le doute.
Sombre-t-il dans la folie ?
Était-il déjà en état de démence ?
Est-ce une manipulation supplémentaire ?
Fascinant, surprenant et intrigant.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 18-02-2015
Théâtre de Poche
Présentation du spectacle :
Résumé :
Quand la folie apparaît comme une forme de lucidité extrême
L'affiche :
D’après une nouvelle de Leonid Andreïv
Traduction, adaptation, conception et jeu Olivier Werner
Direction d’acteur Urszula Mikos
Scénographie Jan Crouzet
Les prochaines représentations :
1
L'avis de Michèle
Impressionnante prestation de comédien Oliver Werner avec un texte difficile.
Mais, en finalité, ce docteur qui plaide pour expliquer son geste meurtrier, est-il fou ou assassin ?
Sommes-nous tous des fous ou des assassins en sommeil?
La...