Quand l’amitié rime avec Mélodie
Comédie musicale connue, surtout par le film (Robert Wise-1965) avec Julie Andrews et Christopher Plummer en vedettes et basée sur la biographie (adaptée et corrigée) de Maria Trapp, l’histoire nous entraîne en Autriche.
Nous sommes un tout petit peu avant la seconde guerre mondiale, dans cette période troublée surnommée l’Anschluss où le pays est divisé entre pros allemands et patriotes, entre peur et fermeté, entre lâcheté et collaboration.
Maria, jeune novice trop pétulante pour porter l’habit religieux, va être envoyée comme gouvernante dans la famille von Trapp.
Sept enfants orphelins qui sont menés à la baguette (au sifflet plutôt) par leur militaire de père.
Rigide et strict, il inculque obéissance et respect à sa petite troupe.
L’arrivée d’une tornade blonde, la guitare à la main, l’esprit au vent, et une multitude de notes sous les talons risque bien de chambouler cette tranquille routine.
Les Colyriques vous proposent de retrouver ce classique de la comédie musicale tout en préservant intacts sa magie et nos souvenirs.
Mais, avant d’aller plus loin, il faut peut-être expliquer le mot amitié qui titre cet article et définir Colyriques.
L’amitié est le ciment, le facteur primordial de cette association d’hommes et de femmes réunis sous la bannière du chant, de la danse et de l’Art.
Eric Favresse a constitué un véritable réseau d’amis, de connaissances, d’amateurs, de chanteurs, d’élèves sortis des conservatoires qui ne demandent qu’à chanter, danser, qu’à pratiquer leur art, qu’à divertir ou amuser.
Cette machinerie quasi bénévole et bien rodée doit donc tenir compte de beaucoup de contingences, locaux, souplesse du décor,… pour créer ses spectacles et surtout pour les présenter au public.
Trouver un lieu accueillant, à prix abordable, les week-ends (tous travaillent ailleurs la semaine), déplacer toute une troupe dont des enfants, remplir une salle, … Que de gageures !
Colyriques relève le tout haut la main, depuis plusieurs années déjà, avec, ce qui ne gâte rien, une modestie et une simplicité désarmante.
Cette Mélodie du bonheur est remarquable à plus d’un titre.
En direct, l’orchestre de cinq musiciens et les chanteurs vont vous emporter durant près de trois heures (entracte compris).
Inévitablement, il a fallu faire des choix, préférer une scène à une autre, adapter légèrement le texte et sa linéarité pour proposer un spectacle complet.
Mais l’essentiel y est.
Chacun y retrouvera ses airs favoris dont, parmi les plus connus, Edelweiss, Do-Re-Mi, So Long, Farewell, Bonsoir, The Sound of Music (La chanson des collines) ou encore Maria.
Le récit lui aussi reste intact.
Pour la scénographie, les Colyriques ont opté pour une simplicité … parlante et réussie.
Douze blocs tapissés différemment sur chaque face deviendront tour à tour, jardin, terrasse, chambre à coucher ou salon.
Un soin tout particulier a été apporté aux costumes.
Côté jeu et chanson ?
C’est souvent le hic direz-vous quand on parle de troupe d’amateurs.
Voilà un vilain préjugé auquel il faudra vite tordre le coup.
Amateurs signifie qui aiment tout simplement et ne doit être en rien un a priori.
Audrey Levêque (la Mère supérieure), Alexa Parr (Elsa Schaeder), Xavier Rosy (Max Detweiler) et Marie-Catherine Baclin (Maria) nous régalent de voix impeccables et d’une excellente présence scénique.
Eric Favresse est délicieusement guindé en Capitaine von Trapp à la raideur toute autrichienne.
L’authenticité de jeu est telle que l’irruption d’Edouard Higuet en gestapiste enragé a réussi à effrayer certains des plus petits du public.
Difficile de citer toute l’équipe, mais il serait impardonnable d’oublier le chœur d’enfants aussi adorables et fripons que dans le film éponyme.
Ni d’omettre le travail de metteur en scène de Vincent Raoult
(Oui, ce nom ne vous est pas inconnu, mais comme dit plus tôt amateur n’est pas un mot réducteur), qui insuffle une pointe de fraîcheur et d’inventivité notamment en créant un final surprenant et séduisant.
Vous n’avez donc plus de raison de bouder un petit plaisir, celui de vous replonger en live dans une Mélodie du Bonheur qui en a bercé, fait sourire, pleurer ou chantonner plus d’un.
Muriel Hublet |