Les Noces d’étain ? Non ... celles de v e n t ! Le vent qui pousse chaque couple, dans une direction bien différente de ce qu’ils ont vécu dans leur jeunesse au château des parents. Mais Léopold, Albert, Baudouin et Astrid ne peuvent s’empêcher de retrouver avec ravissement cette connivence enfantine et nous la faire partager au travers de leurs jeux retrouvés… malgré leurs apparences d’adultes confirmés… ( ?) Le vent du passé au charme désuet, le vent de l’avenir si incertain souffle tantôt des bourrasques, tantôt des effeuillements de rêves brisés. C’est touchant, drôle et tendre. L’entrée de jeu était une pose ravissante prise le jour du mariage des quatre jeunes gens à travers l’image projetée et solaire des marches du château. C’était juste avant la mort accidentelle des parents qui fêtaient leurs noces d’or. Image éphémère, tout de suite transformée en ruine de château, façon capitaine Fracasse où se déroulera l’action. On s’y amusera autant !
Cette pièce, fracassante de rires, raconte les couples et leurs tribulations au bord du pathétique, les caractères dissonants, les relations houleuses, les manques, les phrases qui tuent, les gestes qui sauvent…. Et surtout l’humour qui fait vivre, si bien représenté par Olivier Leborgne, dans le personnage de Yanne « Jan Van Damme, le plaisir de ces dames ! », la pièce rapportée d’Astrid, joyeux flamand bon vivant, toujours prêt à donner un coup de main pour faire la noce et que la fête soit bonne.
Il y a Evelyne, une anorexique fragile, complètement tarte, et très gourmande de plaisirs vivants que son mari , Baudouin, dit Doudoune, est incapable d’assouvir, tant il est coincé. Un psy. Il y a Albert le frère aventurier qui se fout de l’argent, du château et qui est revenu du Togo… mais sa relation avec Malou est fort à mal, ils ont perdu un premier enfant, enterré avec les parents dans la chapelle du Château. Il y a Astrid, maîtresse femme, à l’affut des papillonnages de son mari, terre-à- terre : … mais où est passé le service en Limoges ? Il y a l’ineffable Léopold, spécialiste en répartition des tâches sans que lui ne lève jamais le moindre petit doigt, médecin de son état et dissipateur des biens familiaux. L'hypocrisie personnifiée. Sa femme, mélancolique, rêve d’un Rodolphe disparu en Louisiane… Il y a le vin, le château, l'argent, les rêves.... Les interprétations des huit comédiens sont étincelantes, le rire désopilant envahit la salle… on voudrait rester baigné dans cette comédie douce–amère tellement proche de nos cœurs, car tous jouent vrai et juste, avec talent intense et générosité. C'est un spectacle dont l'auteur est le vent, une co-écriture qui est digne des plus grandes scènes
|