L’arbre aux trésors de Henri Gougaud nous chuchotte : "Non point changer la vie, mais l’aider à éclore. Voilà pourquoi sont au monde ces récits parfois millénaires qui ont atteint à la gloire insurpassable des œuvres : l’anonymat. Car je ne suis pas l’auteur de ceux qui sont dans ce livre. Je n’ai fait que les raviver, les ranimer, les restaurer, comme d’autres restaurent de vieux châteaux. J’ignore qui en sont les premiers auteurs. D’ailleurs, qu’importe ? Ils sont au monde parce qu’ils sont nécessaires, comme l’air, comme la lumière du jour, comme les arbres. "
Et l’arbre à soleils de renchérir :"Les légendes sont ce que nous avons de plus précieux en ce monde. Elles ne sont pas une pâture puérile. Elles ne sont pas une manière d’oublier le réel, mais de le nourrir. S’insinuer tendrement en elles c’est apprendre la liberté, éprouver le bonheur parfois douloureux de vivre".
Après des cascades de rires et une ovation générale digne de nos concours royaux de musique, le public quitte à regrets le chapiteau, ruisselant d’émotion, applaudissant encore la fanfare de bonheur des comédiens qui se sont remis à chanter et jouer sur leurs instruments de musique !.... Tous les cœurs sont à l'unisson, on a apprivoisé le murmure de la source. Ce murmure fait d’humour, de rires, de musique, de poésie, de danse, de supplément d’âme.
Grâce à une fabuleuse distribution et une metteuse en scène divine, ces 12 contes et légendes du monde se sont emboîtés comme les pièces d’une pyramide, toujours plus stupéfiants, tendres, philosophiques, et drôles. Les costumes, pastels de ciel et de terre, semblaient moulés sur chaque personnage, et vivre, vibrants eux aussi, de tous les possibles. Et voilà entre les bribes d’histoires contées, dans une atmosphère de moyen âge doré, les chants ancestraux, polyphonies aux accents slaves, turcs, napolitains qui mobilisent l’harmonie, et c’est le silence ému dans toute la salle.
L’universalité de ces contes qui ont traversé les âges, les contrées, les mers, sans papiers, dans l’oralité et la tradition ancestrale nous chatouille le ventre, nous met des paillettes dans les yeux et force notre écoute sans partage ! Les personnages bien campés dans leurs accents et leur parler parlent vrai. Sortent-elles des mille et une nuits ou des contes de Canterbury? Ces histoires racontent, la terre, la femme, la mère, l’enfant, la vie, la mort, Dieu, l’esprit, l’âme et la bonté… et plein d’autres filigranes intimes que seuls nous pouvons entendre ou percevoir. La Joie, peut-être.
La musique, la danse et poésie virevoltent, personnifiées devant nous par enchantement et nous bercent notre essence originelle, sensible aux histoires mythiques qui ravissent le corps et l’âme. Question de chant et de source.
Et la violoniste n’a rient dit, mais a tout dit.
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