Théâtre engagé et engageant, cette pièce nous offre une image très émouvante des migrants, partagés entre les affres de l’exode - la simple survie, les humiliations, la non connaissance de la langue des terres promises - et des petits bonheurs authentiques : leur humour, leur attachement au pays natal, leur joie de vivre et leur rêve de solidarités. En fin de compte la danse et le chant font leur réapparition et on ne peut que les aimer.
Ils n’étaient pas que vingt et cent ils sont 200.000.000 d’individus sur 7 milliards d’habitants de notre planète à fuir des situations intenables, armés seulement de l’énergie du désespoir, qui veulent non du pain mais du travail, dans la dignité.
Cette pièce, par sa chaleur humaine gomme un peu cette peur de l’autre qui habite chacun de nous, elle est un pont entre ceux restés là-bas et ceux qui sont partis et ont pu croquer le fruit bien défendu de leur rêve. Une très belle mise en scène : en fond sonore une voix bien connue faite de paternalisme plutôt que de solidarité égraine de belles paroles. La scène est une terre bordée de sables hostiles, en forme de cercle de craie, où l’on peut tout dire, et où évoluent les trois personnages. Le Fruit défendu est suspendu, miroitant de couleurs de paix et de chaleur humaine, il vient et va comme le graal tour à tour évanoui et présent. A la fin du spectacle, lorsque les lumières s’allument notre regard se pose juste sur un globe de toile de jute. Mirage.
Malgré un passage un peu sentencieux, théâtre didactique oblige, l’interprétation des acteurs est pleine de dynamisme et de vérité et surtout, on s’est attaché à ces formidables acteurs. Début de sagesse ? Miracle du théâtre.
"Si la solidarité devient un délit nous demandons à être poursuivis pour ce délit!"
|